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Opinion

Douce mobilité

Isabelle Guisan, Journaliste - lun. 01/04/2024 - 09:06
Corps et âme, la chronique d'Isabelle Guisan
cycliste senior ville mobilité douce
"J’admire l'assurance de ces femmes de mon âge sur leur vélo en ville qui, pour moi, s’apparente à de l’audace, voire de la témérité." © iStock

Un type à barbe blanche et cheveux gris debout sur sa trottinette me dépasse sur le trottoir. J’ai tout juste le temps de remarquer les deux petits tubes de plastique enfoncés dans ses narines et chargés sans doute d’envoyer de l’oxygène dans ses poumons. Je m’étonne aussi quand cet être mobile arrête son engin quelques mètres plus loin, devant une maison connue pour abriter des appartements protégés pour personnes âgées. Rapide, il ouvre une boîte aux lettres avant de disparaître dans l’immeuble. Nous sommes ici chez lui. Il me faut quelques secondes pour intégrer ce que j’ai vu: des personnes âgées qui habitent en appartement protégé roulent en trottinette dans la ville. 

Déconcertant mais sympa, non? Même si on ne croise pas tous les jours des vieilles et des vieux qui slaloment tête nue sur leur engin dans les rues en pente de Lausanne. Parfois, assise derrière mon volant, j’aperçois à travers le pare-brise le visage ridé, concentré, de femmes juchées sur leur vélo. Des cyclistes de mon âge, les cheveux blancs sous leur casque. Elles pédalent ferme et gardent le rythme dans le quartier, peut-être même jusqu’au centre-ville. J’admire leur assurance qui, pour moi, s’apparente à de l’audace, voire de la témérité.

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Je me verrais plutôt monter dans des petites navettes qui m’offrent des horaires cadencés”

Chronique Corps et âme dans générations.
Isabelle Guisan

Je rêve bien sûr aussi d’embarquer un avenir où la mobilité urbaine serait douce. Mais je me verrais plutôt monter dans des petites navettes qui, comme le métro lausannois, m’offrent des horaires cadencés. Elles m’amèneraient avec mes gros sacs à commissions de la sortie du supermarché jusque dans ma rue. Une mobilité adaptée à mon vieillissement. 

Dans le métro justement, je me débattais l’autre jour avec l’application mobile qui doit calculer mon trajet et son coût. L’homme de mon âge assis à côté de moi n’a pas saisi le problème que je lui soumettais, avant de se lever pour sortir. Un jeune homme tout de noir vêtu assis en face – je l’avais catalogué dans le genre gothique – s’est alors approché et m’a proposé son aide. Ça n’a pas marché non plus. Deux stations plus loin, j’avais résolu le problème toute seule, juste avant de parvenir à destination. 

Une mobilité très douce ce matin-là, avec contact humain, mais sans assistance ni amende.

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