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Opinion

Que du bonheur!

Martina Chyba, Journaliste et chroniqueuse - lun. 01/04/2024 - 11:19
A cœur joie, la chronique de Martina Chyba.
A cœur joie, la chronique par Martina Chyba
Martina Chyba. © RTS/Jay Louvion

En ce moment, tous les journalistes s’interrogent sur l’avenir et le sens de leur métier. Moi, j’arrive à 37 ans de carte de presse et je crois bien que ce qui me restera, ce sont les quelques sourires que j’ai pu apporter dans la vie de certaines personnes. 

Un jour, j’officiais comme bénévole pour la Chaîne du Bonheur dans un studio de la RTS, pour lutter contre la famine en Afrique de l’Est. Mon travail consistait à prendre les gens au téléphone, à demander combien ils voulaient donner, à inscrire les coordonnées dans un logiciel, à remercier et à sourire quand la caméra était sur nous. Une femme appelle, je me présente: «Martina Chyba pour la Chaîne du Bonheur, bonjour.» Et j’entends: «Vous êtes Martina Chyba? Celle de la télé? Celle qui écrit dans générations?» Je réponds que oui, et elle me dit quelque chose comme: «Ah! C’est incroyable! Vous avez sauvé mon couple!» Cela me laisse sans voix, ce qui est rare. «Mais euh… je ne crois pas… Vous devez faire erreur.» Alors elle m’explique que si, c’est bien vrai; entre elle et son mari, c’était le désert au lit, il ne se passait plus grand-chose, ils s’ennuyaient tous les deux, bref, ce genre de chose qui arrive dans les meilleures familles. Et elle affirme qu’en lisant les billets «À cœur joie» dans générations, elle a décidé de prendre les choses en main, si j’ose dire. De remettre du sel dans la soupe, ou plutôt du piment dans leur vie sexuelle.

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Alors, c’est la fête du slip toutes les semaines, maintenant?”

Martina Chyba

Alors là, il vous faut visualiser la scène, donc moi au téléphone, en direct à l’antenne, avec des images d’enfants souffrant de la faim, et je dois hocher la tête d’un air sérieux alors que la dame me parle de ce que j’ai écrit sur les sex-toys, le Viagra, les sous-vêtements sexy et toutes les coquineries possibles. J’aurais voulu rigoler avec elle – «Alors, c’est la fête du slip toutes les semaines, maintenant?» –, mais en fait j’ai dû, à un moment donné, l’interrompre et prononcer doctement la phrase requise: «Hem… et pour ce qui est de l’Afrique, vous voulez donner combien?» 

Chère lectrice, j’espère que vous partagerez ce billet avec votre chéri. Sachez que je pense souvent à vous deux, vous me donnez envie de vieillir (enfin, pas trop vite non plus, faut pas déconner) et surtout, grâce à vous, je sais pourquoi et pour qui je travaille. Merci.

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