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Opinion

En deux mots: «Profiter»

Claudia Mélanjoie-dit-Savoie, Chroniqueuse et auteure - lun. 01/07/2024 - 13:55
En deux mots, la chronique de Claudia Mélanjoie-dit-Savoie.
en 2 mots chronique Claudia Mélanjoie-dit-Savoie
Lorsque l’on passe nos vacances à publier sur les réseaux, est-ce parce qu’en réalité, on s’ennuie? (Image générée par l'IA* de Canva). © DR

Les vacances qui se profilent me donnent l’occasion rêvée de partager avec vous ma dent contre le mot profiter. Vous avez remarqué? Qu’on ait la chance de voyager ou pas, ce verbe, profiter, susceptible de mettre une certaine pression, est indissociable des vacances, que ce soit avant, pendant ou après. Avant, des âmes bienveillantes nous conseillent une pléthore d’endroits à côté desquels on ne peut pas passer si on veut PRO-FI-TER. Juste avant le jour J, c’est dans les messages qu’on ne peut pas échapper à ce terme: «Profite de ton séjour!» On a intérêt à s’amuser et à rentabiliser notre voyage au maximum!

Ensuite, pendant notre virée, au lieu d’observer ce qui nous entoure, nos yeux sont en permanence rivés sur notre portable pour trouver les fameux lieux qu’il faut ABSOLUMENT voir. Si on ne poste pas de photos sur les réseaux qui prouvent à quel point on PRO-FI-TE, au retour, on s’étonne: «T’as rien posté sur les réseaux, t’as quand même passé un bon moment?» J’ai très envie d’enfoncer une porte ouverte: lorsque l’on passe nos vacances à publier sur les réseaux, est-ce parce qu’en réalité, on s’ennuie? Et que le seul moyen d’éprouver des sensations plaisantes est de nous shooter à la dopamine engendrée par les likes?

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De mon côté, je n’ai jamais grand-chose à raconter...”

Claudia Mélanjoie-dit-Savoie

Au retour des vacances, cette question revient immanquablement: «T’as bien PRO-FI-TÉ?» Si on est esclave de cette injonction, profite, quel soulagement de pouvoir répondre: «Oui! On est allés dans tel musée, on a mangé dans LE fameux restaurant, on a admiré l’architecture de tel édifice, on n’a rien manqué. On a fait tout ce que les gens attendent de nous, on a PRO-FI-TÉ!» Alors il y a les personnes qui profitent pour se nourrir, et qui n’ont rien à prouver; elles le font vraiment par plaisir ; puis il y a les autres qui font de vrais marathons juste pour DIRE qu’elles ont FAIT. Sinon, que vont-elles raconter en rentrant? De mon côté, je n’ai jamais grand-chose à raconter. Seulement que j’ai été très occupée… à ne rien faire. MA définition de profiter. Une citation que j’adore du philosophe John Locke: «Il faut perdre la moitié de son temps pour pouvoir employer l’autre.» Allez, PROFITEZ bien!

* Le magazine générations ne recourt à l'intelligence artificielle (IA) que pour l'illustration de cette rubrique, et à titre exploratoire.

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