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Opinion

Pauvreté: d’une crise à l’autre

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - lun. 01/04/2024 - 17:05
L'éditorial du magazine «générations» du mois d'avril 2024, par Blaise Willa.

Le constat, sur le terrain, est sans appel: les demandes adressées aux organisations et associations d’aide ont massivement augmenté ces derniers mois. Soutien financier, soutien social ou, plus prosaïquement, soutien alimentaire, puisqu’ils sont désormais des centaines, des milliers, à faire la queue pour recevoir chaque semaine leur carton ou leur cabas de denrées et produits de première nécessité. Huile, pain, conserves, produits de nettoyage.

Rappelez-vous: pendant le Covid, la Suisse s’était soudain réveillée avec la gueule de bois en découvrant les photos de ses «pauvres», ceux qu’elle ne voulait pas voir, s’étaler dans tous les quotidiens européens. Des files de citoyens et de citoyennes suisses, des étrangers, des sans-papiers, des vieux, des jeunes, bref, des pauvres, qui attendaient, alignés, leur pitance. 

Depuis? La crise sanitaire a cédé sa place à la grave crise du pouvoir d’achat, poussant les gens à appeler à l’aide pour encaisser l’explosion indécente des coûts de la santé, des logements ou simplement des achats, soumis au régime insoutenable de l’inflation. Récemment, des associations d’aide «en rupture» ont même tiré la sonnette d’alarme, s’estimant, comme certaines sections cantonales de Pro Senectute, au bord du gouffre en raison de la surcharge liée au nombre de demandes et de l’extension inquiétante de l’état de détresse chez les retraités.

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Des associations d’aide «en rupture» ont même tiré la sonnette d’alarme”

Blaise Willa
Blaise Willa

Gros ras-le-bol? À l’évidence. Le résultat net du vote sur la 13e rente AVS/AI ne dit pas autre chose, même s’il concernait au premier chef les retraités et futurs retraités suisses. Dès 2026, ils toucheront donc leur pension supplémentaire, et ce malgré l’inventivité crasseuse du Parlement pour freiner la mise en œuvre d’une décision souveraine. Et nous ajoutons: la guerre des générations n’a pas eu lieu.

Cette année, le même peuple sera appelé à s’exprimer sur deux autres objets qui risquent bien de faire du bruit: un frein aux coûts de la santé et l’initiative pour un allégement des primes maladie. Un objet, ce dernier, qui demande qu’aucun assuré ne doive payer plus de 10% de son revenu pour les primes. Seront concernés jeunes et vieux, sans distinction, pauvres ou moins pauvres, comme ces fameuses classes moyennes précarisées qui en ont assez de trinquer et qui le diront sans doute. 

Un mouvement est donc en marche, c’est aussi le miracle de la démocratie suisse. Gageons que nos respectables institutions helvétiques, Parlement et Conseil fédéral, en prennent de la graine et changent de posture face à des citoyens et citoyennes restés trop longtemps obéissants.

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