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Droit & Argent

13e rente AVS: les raisons d'un vote «historique»

La rédaction, - lun. 04/03/2024 - 09:01
Après le oui massif des Suisses à une 13e rente AVS, les médias du pays analysent les raisons du succès de l'initiative des syndicats. Revue de presse romande.
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Tous les retraités de Suisse bénéficieront prochainement d'une 13e rente AVS. © iStock

«Historique.» Les quotidiens de Suisse le rappellent dans leur éditorial: le résultat positif de la votation du 3 mars 2024 sur l'introduction d'une 13e rente AVS est à marquer d'une pierre blanche. Il s'agit non seulement de la première victoire d'une initiative des syndicats, mais aussi d'une initiative sur l'AVS, comme le souligne par exemple la Tribune de Genève qui titre en Une: «Rentes AVS: la victoire historique de la gauche».

Le oui a été massif. Et si ces dernières semaines l'acceptation par le peuple se profilait, des doutes subsistaient chez les analystes quant à la capacité du texte de l'Union syndicale suisse (USS) à rallier aussi une majorité de cantons, le double oui étant nécessaire pour une initiative populaire. Résultats finaux: 58,2% des Suisses et 16 cantons (sur 26) ont accepté la 13e rente AVS. 

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Bonne ou mauvaise campagne

Au terme d'une campagne acharnée sur un sujet concernant tout un chacun aujourd'hui ou demain, les Suisses se sont aussi mobilisés en nombre, le taux de participation atteignant 58,3%. «C'est lorsqu'il se mobilise que le peuple joue réellement son rôle de contre-pouvoir», se réjouit 24 heures.

Les éditorialistes pointent du doigt l'excellente campagne menée par les syndicats et la gauche - incarnée par un Pierre-Yves Maillard infatigable - portant un message simple et clair. A contrario, la droite et les milieux économiques qui s'opposaient à l'initiative l'ont fait de manière désordonnée, «sans leadership», parfois contre l'avis de leur base, tentant de «dresser les générations les unes contre les autres», «arrogante» et trop «sûre de sa victoire», raison pour laquelle elle n'a pas même proposé de contre-projet, souligne La Liberté (article en ligne payant).

Une «bévue monumentale» même, lorsque des anciens conseillers fédéraux ont été appelé à la rescousse par un camp du non qui avait «perdu les pédales». «Que des personnes gavées d'argent public viennent sermonner le bon peuple en lui demandant de se serrer la ceinture n'a pas passé», insiste Le Courrier

«Tout le monde sauf nous»

Mais une bonne - ou une mauvaise - campagne ne fait pas tout le résultat. Le contexte conjoncturel a puissamment soufflé dans le dos des initiants. Le Temps relève que «par les temps - incertains - qui courent (...) les Suisses ont décidé qu’ils avaient le droit de freiner l’érosion de leur pouvoir d’achat, plutôt que d’attendre des micro-mesures de la part d’autorités pusillanimes». Et d'expliquer: «Les Suisses se sont sentis dépossédés, submergés par ce sentiment nouveau que leurs impôts profitent à tout le monde, sauf à eux», citant les «milliards envolés pour le covid, (...) l'aide aux pays en guerre, l'accueil des réfugiés, la débâcle de Crédit Suisse, (...) et enfin, ces dernières semaines, les annonces de coupes budgétaires pour tout, sauf pour l'armée».

A propos du Conseil fédéral actuel, il n'est dans cette période de renchérissement pas exempt de reproches, notent La Côte et Le Nouvelliste: «Qu'aucun compromis politique n'ait été trouvé pour soulager, même un peu, les habitantes et habitants, y compris les retraités, dans un pays aussi riche que le nôtre a quelque chose de honteux.»

Et maintenant? Pour défendre leur position, les opposants à l'initiative ont avancé les problèmes de financement que ne manqueraient pas de poser une acceptation du texte. C'est désormais au gouvernement de se pencher sur la question, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider prévoyant de proposer un projet «cette année encore», afin que la 13e rente AVS entre en vigueur, comme stipulé, en 2026.

A cet égard, l'éditorialiste d'ArcInfo conclut: «Ce oui massif doit être un commencement, pas un aboutissement: le coût de la vie devient délirant en Suisse. Il n’y a qu’à voir les dérives de notre système de santé. La Suisse saura gérer l’impact financier de cette initiative: s’il y a une chose qu’elle sait faire, c’est gérer. Elle va désormais apprendre à gérer cette précarité que certains de ses dirigeants refusaient de voir.»

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