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Culture

Un livre à l'humour grinçant comme dans le grenier de «La maison des jouets»

Joêlle Brack, Libraire, Payot - ven. 01/03/2024 - 12:55
Joëlle Brack, libraire chez Payot, a eu un coup de coeur pour «La maison des jouets» de Carlos Henriquez. Mais ce n'est pas le seul; elle vous livre ses cinq autres recommandations de lecture.
"La maison des jouets livre Carlos Henriquez
Couverture du livre "La maison des jouets" de Carlos Henriquez, coup de coeur de la libraire du mois de mars 2024. © DR

«La maison des jouets» de Carlos Henriquez

Ce joli nom est celui que les deux gamins de Hugo ont donné à la charmante demeure campagnarde que la petite famille a louée en ligne pour les grandes vacances. Sauf qu’au moment de partir, l’agaçante Agathe vire Hugo en faveur d’un amant, et tant pis pour les vacances, les enfants et les jouets. Plus déboussolé que chagriné, le narrateur décide finalement d’y aller tout seul – mais seul, dans ce village coquet, il ne va pas le rester longtemps! Outre son pittoresque voisinage, d’une curiosité sournoise, il fera dans le grenier la connaissance de jeunes filles du passé, dont les confidences échangées à l’encre pâle révèlent qu’un secret empoisonne depuis belle lurette la vie de ce lieu faussement idyllique. Devenu enquêteur par désœuvrement, Hugo ne se doute pas du guêpier dans lequel il se fourre! Les lecteurs, qui connaissent mieux Carlos Henriquez qu’ils ne le pensent (la troupe de Peutch, c’est lui), découvriront avec délice son premier roman, dont la trame bénéficie de ses talents d’humoriste autant que d’homme de théâtre. L’autodérision s’y taille une jolie part, le romanesque des personnages et des péripéties aussi, tandis que les dialogues, dynamiques et malicieux, fusent avec naturel. Entrez donc, on passe de très bonnes vacances dans La maison des jouets!

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«Melody» de Martin Suter

Combien d’années que l’écrivain zurichois ne nous avait plus régalés, du moins en français? Mais dès les premières pages de Melody, la dette est effacée, et l’on retrouve avec bonheur le ton désinvolte et le regard critique de Martin Suter, au meilleur de son style dans ce roman. Entre un vieil homme politique, sarcastique sur les méandres de sa carrière mais hanté par une ancienne histoire d’amour, et son jeune dandy de secrétaire, le lien porte bientôt un nom: Melody, mystérieusement disparue. Ou pas? Car la limite entre souvenirs et réalité est parfois ténue, et en classant les archives on découvre de drôles de choses… Maîtrisant à la perfection les ressorts et rebondissements, qu’il saupoudre de son humour grinçant et de son pragmatisme de journaliste, Suter plonge cependant avec une douceur subtile au creux des secrets de la mémoire, et du jeu de cache-cache nostalgique ou pervers qu’entretiennent la vérité et la fiction. Une excellente cuvée, vraiment.

«Masterkrep» de Marion Canevascini

Autant de fantaisie que de reportage par immersion dans ce roman graphique tiré de la réalité. Enseignante et plasticienne frisant la cinquantaine, l’auteure a candidaté un beau jour pour travailler dans une crêperie. Elle n’y connaît rien, elle est la «grand-mère» de l’équipe, et ni son bon sens ni sa fibre d’artiste ne s’accommodent de l’organisation bizarre de cette activité. Lucide et ironique, elle raconte-dessine cette expérience, avec une gourmandise sensible aux mille et une étincelles qui émaillent son quotidien. Affreux détail: crêpes et crêpière vont bientôt être prises en otages par le confinement…

«Dangereuse vie de bureau» de Guillaume Rihs

Samuel, enfant de musiciens, a choisi de faire ses gammes dans l’immobilier. Et il a plutôt de la chance, avec cette agence aussi sympathique qu’efficace. Mais imagine-t-on la plume espiègle de Guillaume Rihs se déployer sur cinq cents pages pour le décrire? Évidemment pas! Allègre quand tout va bien, elle se fait mordante lorsque les choses se gâtent, sans pourtant se départir d’une curiosité sincère pour les mœurs d’un open-space. Jubilatoire!

«Glace» de Jean-François Delhom

À la fonte printanière, il faut désormais se demander si les glaces reviendront l’hiver prochain… Le spéléo-photographe Jean-François Delhom y pense sans doute lorsqu’il immortalise les sublimes cavernes et volutes dont l’eau et le froid sont les architectes. Nous entraînant dans le ventre des glaciers, il révèle la beauté cachée de ces structures irréelles, que le dérèglement climatique rend de plus en plus éphémère.

«Un animal sauvage» de Joël Dicker

Arpad, Sophie. Leur vie aisée et brillante semble idyllique – en fait, venus du passé ou de la porte à côté, se multiplient des événements, parfois graves, qui fissurent les apparences. Pour en venir à bout, il y a bien sûr la vérité, mais elle n’est jamais pure et rarement simple… Suspense, énigme et dilemme psychologique signent l’atmosphère troublante et addictive du nouveau thriller de Joël Dicker, glissé à nos oreilles par la voix caméléon de Laurent Natrella.

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