publicité
Culture

Au cas où elle mourrait… Eve Ruggieri nous livre ses mémoires

Véronique Châtel, Journaliste - jeu. 25/01/2024 - 09:02
Sa voix est dans toutes les mémoires… Eve Ruggieri, qui a tant conté de vies et de destinées fameuses à la télévision et à la radio, s’arrête sur la sienne. Ses mémoires viennent de paraître.
Eve Ruggieri publie livre Au cas où je mourrais
A bientôt 85 ans, Eve Ruggieri publie ses mémoires. © François Bouchon / Figarophoto

En femme cultivée, elle a choisi une phrase lue dans le journal d’une jeune aristocrate du XVIIIe siècle pour titrer son autobiographie: «Au cas où je mourrais»! Même si elle continue à parcourir le monde pour présenter des opéras et organiser des festivals de musique classique, Eve Ruggieri aura tout de même 85 ans au mois de mars. Un âge où se plonger dans son passé pour retrouver des moments forts et les partager ne relève pas de la vanité.

publicité

D’ailleurs, son parcours professionnel, qui a démarré en 1960 et a duré plus de cinquante ans, amène plutôt à se dire que la productrice et animatrice d’émissions de radio et de télévision, dont la célèbre Musiques au cœur, ne l’est guère, vaniteuse. Et à penser aussi que si elle avait été un homme, la Ruggieri (comme on dit la Callas) aurait une autre aura. Mais elle a traversé les décennies où les hommes régnaient en maîtres, à la ville comme à la radio ou à la télévision! Même lorsque leurs collègues féminines faisaient autant, voire plus, d’audience qu’eux. 

Ce fut la cas d’Eve raconte sur France Inter, qui a occupé la tranche du 9h-10h entre 1979 et 1984 et devancé tous ses concurrents tant Eve Ruggieri contant la vie de femmes extraordinaires et libres dans leur genre - Colette, Georges Sand, Madame de Montespan, l’impératrice de Chine Tseu-Hi, etc. - tenait en haleine. Cela n’a pas empêché le journaliste Yves Mourousi de se sentir autorisé à lui lancer en direct: «Et vous les choisissez comment vos bonnes femmes?» Comme elle l’écrit avec malice, Metoo lui a répondu plus tard.

Un don pour faire parler les musiciens

Eve a duré malgré tout. Surtout qu’elle s’est passionnée pour une spécialité peu convoitée: la musique classique. Fille de musiciens, un père contrebassiste et une mère violoniste, elle-même premier prix de piano au Conservatoire de Nice, ville où elle a grandi, Eve Ruggieri a le don de faire parler les musiciens. Ses interviews de Vladimir Horowitz, Herbert van Karajan, Luciano Pavarotti, mais aussi de Nina Simone (voir un extrait dans les archives de l'INA) et de Jessye Norman sont des moments d’anthologie. Dans son autobiographique, elle en raconte les dessous et livre moult anecdotes sur ces artistes qu’elle affectionne tant. Mais elle nous fait aussi rencontrer sa grand-mère Marguerite, une grande lectrice, à la bibliothèque immense qui la laissait tout lire et lui a transmis précocement le goût de la lecture.

Bref, on comprend pourquoi Eve Ruggieri termine son livre en citant Mazarin: «Et dire qu’il va falloir quitter tout cela.»

En lecture
Au cas où elle mourrait… Eve Ruggieri nous livre ses mémoires
publicité