Les animaux de compagnie, autres victimes de la crise

Sous pression financière, certains en viennent hélas à abandonner leur animal de compagnie. © iStock

Face à l’inflation, certains maîtres doivent se serrer la ceinture pour subvenir aux besoins de leur bête, voire, solution extrême, placer leur animal dans un refuge. Un vrai drame. Enquête sur les prémices d’un phénomène. © iStock

La crise énergétique actuelle n’épargne personne, même pas nos animaux de compagnie. Pour preuve les refuges de France ou de Belgique, où les abandons de chiens et de chats sont devenus légion. Face à l’inflation, beaucoup de maîtres n’arrivent en effet plus à joindre les deux bouts et se voient contraints, en dernier recours, de se séparer de leurs compagnons à quatre pattes. 

Ce phénomène touche-t-il également la Suisse? «Les motifs financiers sont une des premières causes d’abandon, répond Stéphane Crausaz, porte-parole de la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA). Au refuge, nous recevons toujours plus d’animaux en mauvaise santé, car leurs maîtres n’ont plus les moyens financiers de leur offrir les soins nécessaires. Nous constatons, en outre, une recrudescence du nombre de demandes pour notre fonds d’aide financière pour les animaux de personnes démunies — qui doivent notamment être inscrites à l’AI, au revenu d’insertion (RI) ou aux prestations complémentaires dans le canton de Vaud et avoir une facture ouverte pour soins vétérinaires chez un praticien du canton. Cela semble corrélé à l’inflation, même si nous ne pouvons pas l’affirmer avec certitude.» 

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Nourriture et médicaments à l’étranger

A Colombier (NE), Chantal Yerly s’attend déjà, en réponse à l’augmentation des prix, à une forte affluence d’animaux dans son refuge de la Société protectrice des animaux de Neuchâtel et environs (SPANE). «Nous avons déjà eu un premier cas par l’entremise d’un chien errant porteur d’une puce que nous avons récupéré, explique la directrice. Lorsque nous avons retrouvé son propriétaire, il nous a dit que cela faisait quatre mois qu’il le cherchait, mais qu’il ne souhaitait désormais plus le reprendre, car il n’avait plus les moyens de s’en occuper. En ce moment, on doit en outre récupérer les animaux amenés en Suisse par les réfugiés ukrainiens, qui n’ont pas la capacité financière nécessaire pour les entretenir.» 

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Il faut dire que être l’heureux détenteur d’un animal coûte cher, parfois même très cher (lire ci-dessous). Ce phénomène est-il également ressenti chez les vétérinaires? «Pour le moment, nous n’avons pas constaté de diminution de la quantité et de la qualité des soins sur les animaux de compagnie que nous suivons, rassure Line Gentsch, vétérinaire au sein du cabinet neuchâtelois Amivet, dont les propos font écho à d’autres vétérinaires interrogés. «Il existe toujours des situations plus compliquées, notamment avec des gens à bas revenus, en particulier les personnes âgées avec AVS, mais le nombre nous semble actuellement plutôt stable, poursuit-elle. En revanche, passablement de nos clients comparent les prix des aliments pour animaux sur des sites internet étrangers qui livrent en Suisse et les commandent quand ils sont meilleur marché. Et certains passent la frontière pour aller chercher des médicaments vendus à des prix plus bas.»

On parle, ici, de chiens et de chats, mais on pourrait également évoquer les lapins. «Depuis environ un an, nous observons un nombre très élevé d’abandons de lapins, souligne Line Gentsch, qui est également vice-présidente de l’association La Colline aux Lapins. Beaucoup de personnes changent d’appartement ou de travail et ne peuvent plus garder leurs animaux. Il est possible que cet état de fait soit lié aux animaux adoptés en grand nombre durant la période covid.» 

Frédéric Rein

Avoir un animal coûte cher


Pension, traitements et soins, et alimentation, autant de dépenses pour son animal de cmpagnie qui pèsent sur les finances du ménage. © iStock

Si les animaux de compagnie nous apportent beaucoup, au quotidien, ils nous coûtent également cher. Le site Comparis estime en effet que avoir un canidé exige un budget de 2300 francs la première année, puis près de 1240 francs les suivantes. Pour un félin domestique, cela se chiffre à 1200 francs la première année, puis à environ 670 francs par an par la suite. Et il ne faut pas oublier les éventuels frais de garde durant les vacances et, surtout, les factures en cas d’accident ou de maladie, qui peuvent vite être salées. L’idée de contracter une assurance pour animaux, comme une minorité de maîtres (5% à 10%), n’est peut-être pas mauvaise.

F. R.

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