Gare aux chutes à ski!
Ce sont un peu les risques, non pas du métier, mais de ce loisir! Lorsqu’on se lance dans une descente à ski, l’accident, à défaut d’être inéluctable, est une possibilité. Il suffit d’un peu de fatigue en fin de journée, d’un virage mal négocié ou encore d’une chute et c’est le drame. Si certains dangers ne sont pas maîtrisables (collision, etc.), d’autres peuvent être anticipés. Les blessures n’arrivent en effet que rarement dans les deux premières heures de pratique, mais quand les skieurs commencent à être fatigués et que le temps de réaction baisse. D’où l’intérêt d’être bien préparé avant de foncer tout schuss. «Quand on ne fait pas de sport le reste de l’année ou une activité qui ne fait pas beaucoup travailler le bas du corps, il est d’autant plus important de se préparer physiquement», explique le physiothérapeute Sébastien Pellet, directeur de La Source Fitphysio. Cela passe surtout, d’après le spécialiste, par des exercices musculaires pour les cuisses, les jambes, les stabilisateurs des genoux et les fesses, qui sont beaucoup mis à contribution sur les lattes.
«Le travail d’équilibre est aussi très important», ajoute-t-il, rappelant au passage qu’un échauffement, comme le propose la campagne de la SUVA sur les pistes, est très important pour réveiller la musculature. Les exercices préconisés? Des squats (NDLR flexions sur les jambes), des fentes, des exercices d’équilibre sur des terrains instables pour mimer le déséquilibre… «Pour assurer un bon renforcement musculaire, le mieux, c’est d’utiliser des poids, qui différent selon la corpulence de la personne, précise Sébastien Pellet. On peut s’adonner à ces séances à la maison si on a quelques notions, dans un fitness ou chez le physiothérapeute.»
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Opérer ou pas?
A cet aspect préventif fait écho un versant curatif, après une mauvaise chute. Le docteur Nedeljko Mahmutovic, médecin indépendant accrédité à la Clinique de La Source et spécialiste en chirurgie orthopédique et traumatologie, voit en effet passer beaucoup de lésions ligamentaires, méniscales et de fractures (surtout du plateau tibial) — le top trois des blessures les plus courantes chez les skieurs. «Elles résultent généralement d’une perte de maîtrise qui occasionne une torsion entre le pied et le reste du corps ou d’une chute, notamment après un retard de réaction de l’ouverture des fixations.»
Des blessures qui nécessitent, bien évidemment, des traitements différents. Pour les fractures, s’il n’y a pas un déplacement de la partie brisée qui demande une opération, on en est quitte avec un traitement conservatif, c’est-à-dire une attelle et des cannes. Pas de plâtre? «On l’utilise de moins en moins, car il mobilise une zone plus vaste que celle qui a été touchée, répond le spécialiste. Pour une fracture du plateau tibial, par exemple, il faut éviter la charge grâce à des béquilles. Que l’on ait une attelle ou un plâtre, cela ne change rien.»
Quand c’est le ménisque qui est touché, on a recours à une arthroscopie. Cette intervention chirurgicale permet, grâce à un dispositif de caméra vidéo miniaturisée introduit après la réalisation d’une petite incision, de voir l’intérieur du genou et d’opérer. «S’il s’agit d’une déchirure basale, nous la suturons, et si elle est périphérique, nous retirerons le morceau déchiré», note l’orthopédiste.
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Quand les ligaments sont touchés
La blessure peut aussi consister en une lésion du ligament interne ou externe. Dans cette situation, on optera pour une attelle, qui empêche la flexion au-delà de 90 degrés. La charge qu’on pourra mettre sur la jambe, elle, dépendra de la douleur. « Si ce traumatisme est vite traité et de manière convenable, on peut espérer une guérison dans les 3 à 5 mois, sans même recourir à une intervention chirurgicale », détaille Nedeljko Mahmutovic.
On utilise de moins en moins le plâtre, car il mobilise une zone plus vaste que celle touchée”
En revanche, si la lésion touche le ligament croisé, on échappe généralement au bloc opératoire que si on accepte de ne plus continuer à faire des activités sportives telles que le ski. «Cela dit, il faut savoir que si on n’opère pas, le risque est grand de développer une arthrose de stade 3 (NDLR, sur une échelle dont le maximum est 4), alors qu’après l’opération, ce même risque plafonne à un stade 2, et seulement pour 5% des personnes opérées prévient le chirurgien. L’opération consiste en une ligamentoplastie. Entendez par là qu’on crée un tunnel dans le tibia depuis l’extérieur jusqu’à l’insertion du ligament croisé et un second tunnel vers l’extérieur, dans le fémur, où se trouve l’insertion du ligament croisé antérieur. Après, on passe à l’intérieur le transplant (issu du tendon rotulien, du fléchisseur ischio-jambier ou du quadriceps), on le tend bien et on le fixe. On peut remarcher sans cannes dans les jours ou semaines qui suivent.»
Doit-on s’attendre à des changements prochains en matière de traitements? «Si des tentatives ont été effectuées avec des cellules souches, cela n’est pour l’heure pas encore très concluant, répond le spécialiste. A l’avenir, cela pourrait être une solution pour les lésions cartilagineuses, surtout chez les personnes de plus de 50 ans. Mais cela reste de la musique d’avenir.»
Et le ski de fond?
On a beaucoup parlé de ski alpin, mais qu’en est-il sur les pistes de ski de fond, où le plat domine? Sans grande surprise, les spécialistes s’accordent à dire qu’il génère très peu d’accidents. «L’effort musculaire est différent, il y a plus de cardio et d’endurance, et moins de force qu’en alpin, souligne le physiothérapeute Sébastien Pellet. Même si le risque de blessures est nettement moins important, une bonne préparation physique avant la saison n’est, comme dans tous les sports, jamais superflue.» Nedeljko Mahmutovic abonde, rappelant qu’il a tout de même dû opérer deux skieurs de fond: «Même si les torsions sont rares, le pied peut vriller, notamment lors d’une chute. Heureusement, les pratiquants s’en sortent la plupart du temps avec une entorse. » Alors, ski de fond ou ski de piste?