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Opinion

Paradis blanc

Isabelle Guisan, Journaliste - jeu. 01/02/2024 - 10:35
Corps et âme, la chronique d'Isabelle Guisan.
forêt de mélèzes sous la neige hiver montagne
Même si le village est atteignable en dix minutes à pied, on se sent loin de tout. © iStock

Est-ce l’âge qui avance, la saison — écrire début janvier face à un paysage enfoui dans l’hiver — une réaction de repli devant les nouvelles dures qui pleuvent sur le monde ou juste l’impulsion du moment… Ce mois-ci encore, une chronique qui démarre sur le mode méditatif, pour accompagner la remontée vers le printemps.

A la montagne, le vaste chalet est ancien, mais aujourd’hui des baies vitrées élargissent le salon sur la forêt. Son ombre est protectrice. Un espace entre des vieux mélèzes permet d’entrevoir au-delà du jardin la lumière qui joue sur la pente d’en face, de l’autre côté de la vallée. La route invisible sinue loin en contrebas, aucun roulement de voitures. Même si le village est atteignable en dix minutes à pied, on se sent loin de tout. 

Un feu habite le pierre-ollaire monumental, un rectangle contemporain posé en hauteur dans un coin de la grande pièce. On contemple les flammes à travers une vitre encastrée au bas du poêle. Elles jouent, vives, mais silencieuses, le son de leur crépitement ne traverse pas le verre. 

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Il y a ce bien-être de conte de fées qui oscille comme la flamme d’une bougie”

Isabelle Guisan chronique Corps et âme Générations
Isabelle Guisan

Tout attend la neige. Des flocons, de plus en plus gros et serrés, se mettent à tomber, d’abord épars, de biais, ensuite drus, en fin rideau serré. Certains diront avoir aperçu des biches entre les arbres. Je ne peux qu’imaginer leurs silhouettes beiges dans le gris blanc. 

De la neige, il y en aura un peu, juste de quoi blanchir les sentiers. Qui part à pied dans la montagne croise quelques couples à bébé sur le dos et plus haut les skieurs de randonnée. Pas de piste de ski tout près, pas de foule ni de cohue. Le coin ne change guère. Même pendant les Fêtes, tout sera resté calme. 

Il y a ce bien-être de conte de fées qui oscille comme la flamme d’une bougie. Mais aussi l’impatience de sortir marcher, respirer à pleins poumons. Et l’ennui qui me propulse vers ma voiture pour gratter joyeusement la neige glacée sur le pare-brise. Au retour en ville, le covid me tombe dessus. Je n’ai donc pas échappé aux toux et éternuements qui rythmaient ce paradis blanc.

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