L’intelligence artificielle fait-elle progresser la météorologie?
La société Deepmind a dévoilé l’année passée Graphcast, un nouveau modèle basé sur l’intelligence artificielle (IA), capable de fournir des prévisions météorologiques sur 10 jours. Aussi performant que le supercalculateur du Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme de Bologne - qui fait référence dans le domaine - Graphcast est plus rapide et surtout plus économique. Peut-on parler pour autant d’un tournant dans la prévision? La réponse est nuancée.
Contrairement au système de calcul du Centre européen, Graphcast n’a pas besoin de passer par un ensemble complexe d’équations converties en algorithmes pour calculer l’évolution des conditions atmosphériques. Il s’appuie sur les méthodes du machine learning , qui apprend à raisonner à partir des données fournies. Bref, il se contente des chiffres et n’est pas gourmand en opérations, d’où sa rapidité et son faible coût.
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Cette méthode peut être dangereuse face à des situations météorologiques critiques mal prévues”
Mais cette force est aussi une faiblesse. Avec Graphcast, il n’est en effet plus nécessaire de faire avancer les connaissances en météorologie pour améliorer les prévisions: il suffit de perfectionner les méthodes de machine learning et la vitesse de calcul. Au-delà du fait qu’elle génère une certaine forme de régression, cette méthode peut être dangereuse face à des situations météorologiques critiques mal prévues, estiment les spécialistes.
Dans une récente interview, Jacques Ambühl, ancien chef de la recherche chez Météosuisse soulève également la question des compétences: «L’intelligence artificielle est une ressource attractive, mais elle revient à laisser aux informaticiens la faculté de résoudre des questions qui sont du ressort des autres disciplines. Cela n’est pas acceptable d’un point de vue éthique.»
Graphcast est un système remarquable, il est promis à un bel avenir. Mais il ne doit pas être considéré comme un substitut aux méthodes traditionnelles de prévisions météorologiques, du moins pas pour l’instant.
