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Opinion

L’absurde et la grâce

Rosette Poletti, Chroniqueuse - mer. 01/11/2023 - 15:28
A cœur ouvert, la chronique de Rosette Poletti.
La gratitude selon Rosette Poletti chronique A coeur ouvert
Rosette Poletti. © Sandra Culand

Le monde occidental est bouleversé par ce qui se passe au Moyen-Orient. Tant de sauvagerie, d’inhumanité. Tout ce qu’on peut dire apparaît comme dérisoire face à la souffrance que vivent tant d’humains. Il n’y a pas que le Moyen-Orient, il y a l’Ukraine, l’Arménie, l’Afghanistan… où que l’on regarde, il y a de la souffrance, de la haine. Que faire, que dire? Ce qui est pénible, c’est de se sentir si impuissant face à toute cette souffrance! 

On peut pourtant agir à notre niveau: participer financièrement, prier peut-être et, surtout, éviter d’entrer dans la haine! Il est essentiel aussi de ne pas sombrer dans la désespérance, nous le devons aux enfants et aux jeunes. Pour le philosophe Jean-Yves Leloup, ce que nous avons à apprendre, c’est à tenir ensemble, de voir du même regard l’absurde et la grâce, l’absurdité de l’enfant qui meurt et la beauté éclatante de certains actes d’amour. C’est loin d’être simple, mais c’est le seul chemin pour vivre une vie, en plénitude, au milieu de tout ce qui nous confronte.

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Nous aimerions tellement la beauté sans la laideur, l’amour sans la haine!”

Rosette Poletti

Oui, tout cela existe en même temps! Des actes de totale barbarie et d’incroyables actes d’amour! Certains parlent de la fleur de lotus à la surface de l’eau dans toute sa beauté et la boue au fond de l’étang! Nous aimerions tellement la beauté sans la laideur, l’amour sans la haine ! Malheureusement, depuis le fond des âges l’absurde et la grâce avancent en se tenant la main. Continuer à espérer malgré tout, à avancer, à vivre, c’est s’efforcer de regarder la «fleur de lotus», d’en parler, plutôt que d’être centré sur la vase au fond de l’étang. Tout cela commence en nous! Nous sommes impuissants à changer, individuellement, le cours du monde, mais nous pouvons commencer en changeant notre manière de voir ce qui nous entoure. En s’abstenant de juger, de haïr, de maudire, en pratiquant la tolérance, en cherchant à comprendre plutôt qu’à condamner. Rûmî, un grand poète et mystique persan du XIIe siècle écrivait:

«Ecoute avec les oreilles de la tolérance,
Vois avec les yeux de la compassion,
Parle avec le langage de l’amour.»

Si des millions de gens décidaient de mettre cela en pratique, aussi souvent qu’ils le peuvent, cela changerait petit à petit la situation! C’est loin d’être de la naïveté, c’est notre seule espérance!

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