Faut-il mettre plus de places à disposition des gens du voyage?
Le débat de générations du mois d'avril 2024.
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Il faudrait créer trois nouveaux sites d’accueil”
Que vous inspire l’afflux massif de gens du voyage qu’a connu Lausanne il y a quelques semaines?
Marc Vuilleumier (POUR): Cette occupation illicite résulte de l’insuffisance de places dans le canton de Vaud, mais aussi en dehors. Elle n’a cependant rien de nouveau, puisque nous cherchions déjà des solutions à ce problème il y a 15 ans, sans être parvenus à en trouver. Actuellement, seule la commune de Rennaz dispose d’un site officiel, qui peut accueillir jusqu’à 250 personnes.Quelle serait, dès lors, la meilleure solution?
De créer de nouvelles places qui pourraient les accueillir, comme cela semble être la volonté du Conseil d’État. Mais les communes sont généralement récalcitrantes. Ce n’est pas la mise en place d’infrastructures qui coince, car cela ne nécessite qu’un terrain, de l’eau, de l’électricité et des sanitaires. En revanche, cela implique un afflux conséquent et momentané de personnes. De fait, l’élaboration et la gestion de nouveaux sites devraient résulter d’une concertation entre les communes et l’État, et donc une participation de ce dernier aux frais, même si les gens du voyage paient leur place.Devrait-on les consulter quant au choix des emplacements?
Non, mais ces lieux ne devraient pas être au fin fond du canton, mais à proximité des centres urbains, où les gens du voyage ont leurs clients, car ils se déplacent pour travailler. On peut imaginer un nouveau site dans le Gros-de-Vaud, un autre près de Lausanne et un troisième à proximité de Nyon.Ne va-t-on pas se retrouver avec des ghettos?
Non, car ce sont juste des endroits de passage pour des personnes qui ont un style de vie différent, et qui ont généralement une résidence pour l’hiver. Il ne faut d’ailleurs pas les confondre avec les Roms, qui, eux, ne sont pas nomades, mais viennent ici pour essayer d’échapper à la pauvreté qu’ils connaissent chez eux.
Le canton ne doit pas laisser les communes seules face à ce problème”
Que vous inspire l’afflux massif de gens du voyage qu’a connu Lausanne il y a quelques semaines?
Marlène Bérard (CONTRE): L’arrivée en nombre de caravanes donne l’impression d’un passage en force. Cela délivre un très mauvais signal. Pour que l’accueil puisse se faire dans de bonnes conditions, le dialogue est nécessaire et non la politique du fait accompli.Pourquoi êtes-vous défavorable à la création d’espaces spécifiques supplémentaires pour les gens du voyage?
Des aires de transit et de stationnement existent déjà. Jusqu’à présent, ces aires avaient pour vocation d’accueillir entre 5 et 15 caravanes de mars à octobre, mais, désormais, leur nombre a plus que doublé et les gens du voyage restent plus longtemps. Cela pose des problèmes, comme, par exemple, au parking des Prés-de-Vidy ou à celui du Chalet-à-Gobet, qui n’étaient plus accessibles pour les titulaires d’abonnements ou ceux qui voulaient profiter du site. La surface à disposition des communes n’est pas illimitée et il faut également tenir compte des intérêts des habitants.Ne devrait-on donc pas créer deux ou trois sites officiels, en plus de celui de Rennaz, à des endroits stratégiques?
Il est avant tout nécessaire de fixer un cadre à l’accueil des gens du voyage et de conditionner cet accueil au respect de certaines règles. Aujourd’hui, le canton laisse les communes seules face à l’afflux de ces personnes, et ce n’est pas acceptable. La mise en place d’un cadre légal clair en matière de couverture des coûts en cas de mise à disposition d’espaces et de sanctions s’il y a une utilisation du domaine public sans autorisation est nécessaire. Le prix de la location doit couvrir tous les frais, y compris ceux de nettoyage et de remise en état.Si ce cadre était posé, on pourrait aller de l’avant?
On pourrait en effet alors envisager d’autres sites que celui de Rennaz…