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Opinion

Comment je suis devenu grand-parent

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - lun. 01/01/2024 - 08:56
L'éditorial du magazine générations de janvier 2024.
Grands-parents petits-enfants intergénérationnel
Le rôle de grand-parent véhicule encore quelques clichés - la pêche à la ligne avec papi et les gâteaux en cuisine avec mémé. © iStock

Que se passe-t-il quand on devient grand-mère à 49 ans? Facile, surprenant? Douloureux, jubilatoire? C’est la question très intime que nous avons posée à la comédienne genevoise Maria Mettral, pour ouvrir les feux de notre nouvelle rubrique consacrée à la grand-parentalité. Un monde pétri de caricatures, bien sûr, et pourtant sujet à des glissements et transitions qui remodèlent à l’envi la vision de notre petite communauté humaine. Laquelle vit désormais, rappelons-le, avec quatre, voire cinq générations en même temps! 

Maria Mettral, elle, a répondu à nos questions sans détour: son fils était encore jeune quand son petit-fils est né. Pas de question «métaphysique» donc, il fallait agir. «Mon fils m’a tout de suite demandé: pourras-tu m’aider? J’ai quelque chose de totalement instinctif. J’ai un enfant, j’y vais.» 

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Le terrain familial lui aussi a changé: l’homoparentalité s’impose, les jeunes couples se séparent, les conflits de loyauté surgissent”

Blaise Willa

Cet empressement grand-maternel — que le «petit» Arthur célébrera un jour comme adulte — est-il pour autant la norme? Les nouveaux grands-parents s’engagent-ils comme ce jadis que nous fantasmons parfois, entre le bonheur de la pêche à la ligne et les friandises d’un après-midi à la cuisine? Même si nous aimons tous le gâteau aux pommes, la réponse est clairement non. 

Car les grands-parents ont changé. Ou plutôt, se sont émancipés. Vivant plus longtemps et en meilleure santé, ils tiennent à leur vie comme à leurs envies. Ils travaillent, s’engagent, soutiennent (tiens, par exemple, en veillant sur des vieux parents ou en abritant de vieux enfants), voyagent, aiment de façon nouvelle et fuient l’excès de contraintes que leurs propres grands-parents, les fameux anciens, avaient vécus. Cela n’empêche pas qui le souhaite de chérir ou de faire de la garde, mais en conservant la liberté que leurs années de vie leur ont léguée. L’autorité tutélaire qu’on leur prêtait a pris un coup et c’est tant (pis) mieux.

Le terrain familial lui aussi a changé: l’homoparentalité s’impose, les jeunes couples se séparent, les conflits de loyauté surgissent. Du coup, les grands-parents pourraient bien avoir envie de construire des liens personnalisés avec leurs petits-enfants, de manière moins codifiée mais surtout beaucoup plus libre. 

Victor Hugo, grand-père, se voyait «rapetisser dans les petits-enfants». La réalité a changé et n’est pas moins belle que la littérature: chacun et chacune, quel que soit son âge, doit désormais grandir, si possible heureux, aimant et libre. Bref, on se réjouit déjà de la prochaine rencontre faite dans le cadre de cette rubrique. 

Bonne lecture et bon début d'année 2024!

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