Après vous, Madame!
Pour savoir à quoi ressemble la galanterie – mot désuet s’il en est –, il faut visionner de vieux films des années 50. Monsieur tient la porte à Madame. Il avance sa chaise au restaurant. Il l’aide à enfiler son manteau. Il lui ouvre la portière de la voiture. Simone de Beauvoir considérait la galanterie comme un système de domination des femmes. Toutes ces petites attentions qui scandalisent certaines féministes (non mais ce gars croit que je ne suis pas capable de mettre mon manteau moi-même?!), eh bien, moi, ces gestes de galanterie me font craquer. Je ne suis sans doute pas la seule, mais qui ose encore l’avouer? L’autre jour, en poussant rapidement mon caddie entre les rayons du supermarché, j’ai failli provoquer une collision avec un monsieur âgé. Ce dernier a reculé, porté la main à son chapeau, qu’il a légèrement soulevé: «Après vous, Madame!»
– «Merci!» Nous avons échangé un sourire et poursuivi notre route entre le rayon des fromages et celui des légumes. C’était charmant, surtout avec la main au chapeau… Simple formalité à l’ancienne? Non, bien plus que cela: une courtoisie, une reconnaissance de l’autre, une amabilité.
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Ce que je suis en train d’écrire me classe définitivement au rayon des ringardes”
Amabilité: tiens, encore un mot qui fleure bon les siècles passés. Je me rends bien compte qu’à l’époque des WC non genrés, ce que je suis en train d’écrire me classe définitivement au rayon des ringardes. D’ailleurs, à propos de WC non genrés, vous en pensez quoi? Il faudra que je teste. Parce que je m’imagine assez mal en train de mettre du rouge à lèvres pendant qu’un homme passe à côté de moi en boutonnant sa braguette. Mais je m’y ferai. Après tout, je me suis déjà habituée aux personnes scotchées à leur téléphone, aux véganes, aux influenceuses, aux cyclistes, aux tatoués, à la téléréalité, à Twint et au changement climatique. Qui a dit que les seniors n’étaient pas capables de résilience?
