La BD pour adultes a aussi ses classiques
Il y eut le livre, Histoire d’O, un roman sado-masochiste français publié en 1954 et signé par Pauline Réage (pseudonyme de Dominique Aury, née Anne Desclos). Puis vint le film, qui fit scandale, en 1975. Cette année-là, qui fut, pour la première fois, décrétée celle de la Femme par l’ONU, verra également la sortie d’une adaptation BD par le Milanais Guido Crepax (1933-2003).
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Résolument érotique, pornographique, mais tout sauf vulgaire, cet album échappera aux protestations conjointes de mouvements féministes et de l’Eglise catholique trop occupées à tirer sur le film, laissant la BD s’épanouir dans des cercles intellectuels glosant sur l’esthétisme et l’épuisement de la jouissance. Célèbre en Italie et dans le monde pour sa série Valentina (des récits épars sur le parcours d’une photographe de mode dans les sixties),
Crepax a pour talent l’art de tout montrer sans pour autant choquer. La ligne claire, la précision architecturale des compositions, la distance amoureuse qu’il instaure avec les personnages féminins, confèrent une beauté froide à ses adaptations des grands classiques de la littérature libertine. Cette réédition d’Histoire d’O et celle, conjointe, de La Vénus à la fourrure (d’après Leopold von Sacher-Masoch) dans la collection Erotix chez Delcourt, est pourvue d’une excellente préface situant à la fois ces deux romans et leur adaptation en BD dans l’ère #MeToo.
