Eternels amoureux de Peynet
Ils ont marqué l’imaginaire des plus de cinquante ans, Les amoureux de Peynet. Car durant quelques décennies et jusqu’aux années quatre-vingts, ils se sont affichés, partout. Dans la presse, l’édition, sur toutes sortes de produits dérivés, vaisselle en porcelaine, porte-clés et même timbres postes.
Il avait 34 ans, le dessinateur français Raymond Peynet, quand il a créé son couple romantique: un homme aux cheveux longs, portant cravate et chapeau, et une jeune femme toujours en jupe ou en robe. On était en 1942. De planche en planche, le couple a affiché son plaisir d’être ensemble dans des situations romanesques. Collés serrés sur un banc public ou sous un large parapluie, s’embrassant sous les ailes d’angelots dodus ou dans un nuage de petits cœurs. Ils ont parfois été raillés: le dessinateur Siné, ancien de Charlie Hebdo, a proposé un jour de les assommer à coups de marteau, jugeant les tourtereaux trop réac’.
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Si Peynet avait une vision hétéro-normée du couple amoureux, comme on pourrait lui reprocher aujourd’hui, il était plus subversif qu’il n’y paraissait. Son amoureux ne suintait pas les valeurs viriles. D’abord, il n’avait pas d’épaules, mais un petit nez retroussé et ses manières étaient délicates. N’hésitant pas à sortir son violon pour charmer sa douce. L’amoureuse non plus n’était pas un cliché. Toujours symétrique avec son Valentin, la tête dans la même inclinaison pour lui baiser la bouche et prenant même les choses en mains avec humour. «Pour avoir déshabillé sa maitresse avec des yeux de poète, vous me conjuguerez le verbe aimer en entier» déclare-t-elle à son amoureux transi.
Pour la première fois, un livre de 150 dessins d’amoureux de Peynet paraît, alors que l'illustrateur est décédé il y a 25 ans. Ces derniers y font le tour du monde. Ils s’arrêtent en Suisse, pays de la nature, où ils dorment dans un lit entouré d’animaux de la forêt. C’est plus que mignon. Poétique, souvent.
Bonne Saint-Valentin!
