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Culture

Et tout commença par une tuerie au cinéma porno

Jean-Marc Rapaz, Journaliste - ven. 24/11/2023 - 09:03
Désormais installé en Normandie, le Lausannois Daniel Abimi nous avait régalé avec ses précédents ouvrages. Son tout nouveau polar, "La saison des mouches", est une véritable explosion de noirceur en pays de Vaud. Ames sensibles… Les autres se régaleront de cette atmosphère glauque à souhait, où la fiction rejoint parfois la réalité.
Daniel Abimi
l'écrivain Daniel Abimi, auteur de La saison des mouches © DR Mathieu Gafsou

Ceux qui connaissent bien Daniel Abimi, entre autres ancien journaliste à 24heures, le décrivent comme un homme profondément sensible. Un adjectif qui ouvre aussi la porte au pessimisme. Et l’un des deux protagonistes principaux de son dernier polar y versera forcément, on veut parler du commissaire Mariani, confronté à la pire période de sa vie. L’auteur s’inspire ici d’un fait divers réel survenu en 2002 lorsqu’un homme muni d’un fusil d’assaut est entré au cinéma porno Moderne, à Lausanne, abattant un homme et en blessant deux autres avant de retourner l’arme contre lui. À partir de là, l’écrivain se lance dans la fiction, ajoutant allégrement quelques morts dont un personnage bien réel de la vie vaudoise, le néo-nazi et révisionniste Gaston Amaudruz.

Le massacre prend de l’ampleur d’un point de vue médiatique, le tueur ayant filmé son ouvrage et son « documentaire » est diffusé sur les réseaux sociaux du monde entier. Qui tire les ficelles? C’est ce que va essayer de découvrir aussi le journaliste Michel Rod, déjà bien éclaté. Entre sa lutte contre l’alcool, une ambiance délétère dans sa rédaction et sa recherche désespérée d’une âme sœur sur internet, il ne reste guère de temps et d’enthousiasme pour travailler à fond sur ce fait divers sanglant. 

Au milieu des nombreux auteurs de polars romands – on pourrait même dire qu’ils pullulent – le livre de Daniel Abimi se distingue par sa construction d’une intrigue incroyablement riche, par ses personnages principaux, si humains à tous points de vue, mais aussi par sa capacité à se fondre dans la noirceur de l’humanité. Il y a encore cette habileté consistant à aller plus loin que les autres dans ses descriptions notamment du sale, du glauque. Un exemple avec ces chiens policiers refusant d’entrer dans une demeure où flotte une odeur trop nauséabonde pour eux. Dégoûtant? Absolument pas, le lecteur s’imprègne totalement d’une ambiance, d’un lieu, avec l’impression d’être sur le terrain avec les enquêteurs. On ne peut que vous conseiller cet excellent polar.

La saison des mouches, Editions Campiche

 

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