Vercingétorix: tout sauf un barbare

Oubliez le peu que vous savez de Vercingétorix, le Gaulois qui a failli battre Jules César ! La dernière biographie de ce grand chef nous fait découvrir une vérité bien plus passionnante.
Non, non et non! Vercingétorix ne portait pas de grandes moustaches, de casque à ailettes, de cuirasse en cuivre et de grande épée de bronze. De même, il n’avait rien du barbare impétueux chargeant bêtement les disciplinées légions romaines. Au contraire, le grand chef Gaulois était à l’exact opposé de ces descriptions romantiques dues aux artistes du XIXe siècle. Pour exemple, le sculpteur Millet l’a représenté sous les traits de Napoléon III !
Pourquoi tant d’imprécisions? Sans doute parce que l’on connaît peu de chose sur ce peuple ou, plutôt, sur les habitants de cette soixantaine d’Etats plus ou moins indépendants installés non seulement en France, mais aussi en partie en Belgique, en Suisse et en Allemagne. « Pourtant, relève Jean-Louis Brunaux, directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), Vercingétorix est le seul Gaulois dont on puisse entreprendre la biographie. » Et grâce à qui ? A Jules César en personne, auteur de La guerre des Gaules.
Les Romains avaient en effet pour habitude de prendre des otages parmi la noblesse, afin de se prémunir contre une trahison, mais aussi pour les former et les rallier à la cause avant de les renvoyer dans leur cité. «Des otages à la mode du Moyen Age, précise Jean-Louis Brunaux. Ils n’étaient pas seulement bien traités, mais faisaient partie de la cour de César qui dit d’ailleurs de Vercingétorix qu’il est ami.» Un ami au nez allongé, à la bouche étroite, au menton un peu lourd et imberbe (à la mode marseillaise). «A l’époque, le matériel de rasage était réservé aux riches et n’était pas très efficace. Souvent, on avait recours à l’épilation.»
A son côté, Vercingétorix va apprendre l’art de la guerre. D’ailleurs, il combat avec les Romains contre les Germains et participera à l’administration de la Gaule avec l’occupant, de 58 à 53 av. J.-C. C’est plus tard, ayant quitté le giron de César, qu’il devient chef des Gaulois.
Romains peu nombreux
Reste qu’on peut s’étonner de voir César maîtriser la Gaule avec seulement 50 000 à 60 000 légionnaires. Et on se demande encore comment Vercingétorix avec plus du double de guerriers a pu s’incliner. A Gergovie, il gagne la bataille, mais retient ses hommes qui voulaient exterminer le reste de l’armée défaite. «Vercingétorix était un fin stratège. Il était persuadé, et moi aussi, que César lui avait tendu un piège. » Reste que, à Alesia, le Gaulois aurait dû l’emporter sans coup férir. « Lorsqu’il était à Sainte-Hélène, Napoléon lui-même a réexaminé la bataille et a jugé incompréhensible cette défaite. Il aurait suffi de 1000 hommes pour percer les lignes romaines. A l’époque, 1000 hommes, ce n’était rien, la vie humaine ne valait pas grand-chose, d’autant plus que l’on promettait aux Gaulois le paradis, comme pour les djiahistes aujourd’hui.»
Défait, Vercingétorix est transféré à Rome où il sera finalement étranglé, un traitement de faveur, alors que la majorité des détenus croupissaient dans leur prison jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Jean-Marc Rapaz
A lire:
- Vercingétorix, Editions Gallimard