Quand la BD fait voyager
Rwama, mon enfance en Algérie, tome 1
C’est à travers les yeux d’un enfant que l’auteur, Salim Zerrouki, nous fait découvrir l’Algérie des années 1970 et suivantes. Plus précisément, c’est le regard d’un jeune habitant de l’immeuble blanc de la cité olympique flambant neuve créée par le président Boumédiene pour symboliser la marche en avant de l’Algérie. Ses habitants héritent du surnom de Rwana, c’est-à-dire « Français » en algérois alors qu’ils sont cubains, russes, allemands de l’Est… ou algériens, comme les parents du petit Salim. Qui nous montre avec naïveté les jalousies des riverains, mais aussi le délabrement de l’économie qui va évidemment détériorer son logement sans compter les pénuries d’eau et autres catastrophes. Dont le climat politique qui change drastiquement avec la montée de l’intégrisme religieux. Tout cela est joliment raconté dans ce roman graphique qui ne sombre pas dans le désespoir grâce à l’humour de son géniteur. Un auteur qui avait déjà publié des récits au titre savoureux comme 100 % bled, comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur ou Comment réussir sa migration clandestine. Bref, on recommande fortement cette lecture qui nous ouvre les yeux avec bienveillance sur une réalité méconnue des Occidentaux.
publicité
Les âmes noires
On reste sur la route avec Yuan, chauffeur de camion dans une Chine de désolation. Le gaillard survit et s’occupe de sa famille en livrant du charbon qu’il achète directement à une mine clandestine et revend au meilleur prix qu’il trouve. Autant dire pas grand-chose, mais c’est mieux que rien. Jusqu’au jour où il se fait dérober son outil de travail. Il va alors devoir se battre pour retrouver sa dignité, son statut et les siens dont sa petite fille. Un récit fort au pays de la débrouille et de la magouille.
Une pour toutes
Une jolie surprise que cet album. D’abord par qu’il nous fait connaître l’incroyable et véridique destinée de Julie de Maupin, cantatrice et duelliste née à la fin du XVIIe. Sa vie tumultueuse et ses amours ont d’ailleurs inspirés d’autres auteurs avant Dominique Monféry qui s’est, lui, inspiré du livre de Jean-Laurent Del Socorro pour cette mise en images qui ne manque ni de charme ni d’action. Un vrai roman de capes et d’épée plein de panache et d’humour grâce à cette féministe avant l’heure, redoutable bretteuse, morte dans un couvent à l’âge de 33 ans, deux années après le décès de son amante, la marquise de Florensac.
John Rimbaud, une saison en enfer
Dans un tout autre genre, mais alors tout autre genre… Vous cherchez un peu de poésie ? Eh bien, effectivement, ce n’est pas ici que vous la trouverez. Le nom du héros et du l’album ne font pas référence à l’auteur de Le dormeur du Val, mais à celui du vétéran du Vietnam incarné à l’écran par Sylvester Stallone. Bref, une montagne de muscle qui s’est réfugié dans la jungle, aspirant à la sérénité en écrasant à coup de poing tous les empêcheurs de tourner en ronde, gorille, fauve et j’en passe. Mais son supérieur lui confie la mission la plus délicate de sa vie : éduquer sa fille. Qui a dit Mission impossible ?
Les aventures de Buck Danny Classic, l’Ombre rouge
Les amateurs de bonne vieille bande dessinée vont se régaler avec cet album qui plonge nos aviateurs préférés dans le monde du cinéma. Engagés comme cascadeurs pour un film réalisé par Howard Hugues, Buck Danny, Sonny et Jerry se retrouvent vite mêlés à une affaire d’espionnage. Pendant qu’Ava Gardner fait tourner les têtes, ils risquent leur vie pour empêcher les Soviets de s’emparer de secrets d’État. Des soviets qui, rappelons-le, sous Staline ont tenté d’assassiner John Wayne. Véridique. Allez, on s’envole.