publicité
Santé & Bien-être

La chirurgie, recours ultime contre les maux de dos

Frédéric Rein, Journaliste - mer. 01/05/2024 - 15:42
Presque tout le monde a un jour été touché par des douleurs dorsales. La plupart d’entre elles sont bénignes, mais, dans de rares cas, cela peut nécessiter une intervention chirurgicale. Explications du neurochirurgien Ali Etemad-Sajadi.
maux de dos douleurs dorsales hernie neurochirurgie
En cas de douleurs dorsales, la physio, les massages et l'adaptation de son environnement quotidien: autant de solutions à privilégier avant l'option chirurgicale. © iStock

On parle des douleurs dorsales comme du mal du siècle. Un qualificatif auquel elles font malheureusement honneur. Selon un rapport de 2020 de la Ligue suisse contre le rhumatisme, près d’un Helvète sur deux (les femmes sont plus impactées) souffrirait en effet de maux de dos plusieurs fois par semaine ou par mois. La lombalgie (douleur du bas du dos) toucherait même près de 80% de la population au moins une fois au cours de sa vie. L’effort, les mauvaises postures et le stress sont autant de facteurs qui peuvent nous conduire à courber l’échine face à la douleur. «Hormis les causes environnementales, cette problématique peut également être constitutionnelle, donc génétique, ajoute le docteur Ali Etemad-Sajadi, neurochirurgien FMH à la Clinique de La Source. Dans ma patientèle, j’ai beaucoup de personnes qui n’exercent pas de métiers astreignants physiquement et qui y sont néanmoins confrontées. Cela dit, je ne pense pas que nous assistions à une épidémie galopante. En revanche, les gens sont plus attentifs à leur santé et consultent davantage.»

Heureusement, comme le souligne le médecin, ces pathologies sont la plupart du temps bénignes. Et le mouvement représente souvent le premier message préventif. «Une activité physique adaptée – certains sports étant préférables à d’autres, suivant les cas – est toujours bonne pour le squelette et le dos, confirme le chirurgien. Il convient également de surveiller ses habitudes alimentaires, car on sait que le surpoids est un facteur aggravant. Excepté si on a des prédispositions génétiques trop fortes, l’approche préventive permet souvent d’éviter la chirurgie.»

publicité

Les compressions neurologiques

Si une lombalgie – la douleur dorsale la plus courante au sein de la population – s’installe, on en est souvent quitte pour quelques ajustements de type physiothérapie, massages ou adaptation de son environnement quotidien. «Les pathologies graves sous-jacentes, comme la compression d’une racine nerveuse, un problème d’instabilité de la colonne, voire une tumeur à la colonne, sont relativement rares à l’aune de toutes les personnes qui ont mal au dos», rassure Ali Etemad-Sajadi. C’est pourquoi ce spécialiste n’est consulté qu’en deuxième intention, après un passage chez un généraliste qui n’est pas parvenu à trouver une solution pour répondre à la souffrance.

«Lors de l’anamnèse (NDLR ensemble des antécédents partagés par le patient) et à travers un examen clinique ciblé, je dois être en mesure de détecter les cas de lombalgies non banales et procéder à une imagerie telle qu’une IRM, poursuit-il. Dans mon quotidien de neurochirurgien, je vois des jeunes, mais la majorité de mes patients ont quand même 50 ans et plus. Cela s’explique par le fait que l’arthrose a souvent des liens intimes avec les problèmes lombaires. Je dois alors distinguer les lombalgies musculaires ou positionnelles, qui ne nécessitent en général pas d’intervention, de celles qui sont associées à une compression nerveuse, communément appelée sciatique,et qui causent une irradiation douloureuse dans une ou les deux jambes.»

L'approche préventive permet souvent d'éviter la chirurgie”

maux de dos douleurs dorsales hernie neurochirurgie
Dr Ali Etemad-Sajadi
Neurochirugien

Les cas les plus fréquents auxquels le chirurgien est confronté sont en effet les compressions neurologiques, qui découlent soit d’une hernie discale, soit d’un canal lombaire étroit, à savoir une réduction du diamètre du canal spinal, qui se trouve au milieu de la colonne. «Ces compressions causent des problèmes lors de la marche, détaille le connaisseur. Les jambes deviennent lourdes après un petit effort de marche et les personnes touchées ont tendance à se sédentariser.»

La chirurgie en dernier recours

Peut donc alors se poser la question de la chirurgie. «C’est vraiment le dernier recours, quand toutes les autres solutions testées n’ont pas donné satisfaction, affirme Ali Etemad-Sajadi. Avant, on aura essayé les traitements conservatifs, y compris les infiltrations dans la colonne. La plupart des hernies discales peuvent d’ailleurs être traitées sans chirurgie.»

Mais, parfois, l’étape chirurgicale tombe comme un couperet... Dans l’imaginaire des gens, cela rime souvent avec danger, parce qu’il s’agit d’une région très délicate, donc susceptible de conduire à des complications postopératoires. S’agit-il de craintes fondées ou d’une peur illégitime? «Bien évidemment, le risque zéro n’existe jamais, répond sans détour Ali Etemad-Sajadi. Cela dit, les techniques ont beaucoup évolué et les risques, en Suisse, sont très maîtrisés, d’autant plus si le chirurgien est expérimenté. De nos jours, une chirurgie de stabilisation de la colonne est réalisée de manière non invasive en environ une heure, alors que la même intervention durait quatre heures il y a seulement une vingtaine d’années. Si le diagnostic posé par le biais de l’examen clinique et de l’imagerie est correct, les chances de succès sont excellentes. L’opération du canal lombaire étroit, par exemple, est aussi fréquente que sûre.»

Risques maîtrisés

Reste, comme le soulignait le spécialiste, que des risques existent. De quel ordre? Infection, hématome qui peut nécessiter une ré-opération, problèmes neurologiques (transitoires ou, très rarement, définitifs), si une structure nerveuse devait être touchée durant l’intervention. «Un problème lombaire opéré nécessitera, dans environ 10 à 20% des cas, une ré-opération à un moment ou à un autre, déplore le médecin. Celle-ci peut concerner le même segment opéré dans le passé ou un autre.» 

Ces récidives postopératoires peuvent toutefois, dans une certaine mesure, être prévenues. «Pour les personnes en surcharge pondérale, une perte de poids peut s’avérer bénéfique, préconise Ali Etemad-Sajadi. Les exercices de gainage de la ceinture abdominale et de la musculature lombaire sont bénéfiques pour toutes les personnes opérées, tout comme l’évitement de la sédentarisation.» Le dos est notre charpente, il faut savoir le ménager tout au long de sa vie.

En lecture
La chirurgie, recours ultime contre les maux de dos
publicité