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Opinion

Une réserve naturelle, ça évolue

Isabelle Guisan, Journaliste - ven. 01/09/2023 - 11:47
Corps et âme, la chronique d'Isabelle Guisan.
Réserve naturelle balade à cheval crottin
La réserve a changé... il y a désormais des instructions pour le ramassage du crottin de cheval. © iStock

Ce matin, sur France-Culture, interview de Marie de Hennezel, la septuagénaire française spécialiste du «bien vieillir». J’efface d'un clic l'ébauche de chronique rédigée, hier, dans un moment de relâchement. J’y déversais un — petit — ras-le-bol de «vieille face à la vie actuelle» – alors que Marie de H. le dit bien même si elle ne nous apprend rien: bien vieillir, c’est faire scintiller chaque moment présent. Alors, je recommence mon texte. Impensable de basculer en quelques phrases dans le camp des vieilles frustrées.

C’est dimanche, il pleuvine — pourvu qu’il n’y ait pas de canicule quand vous lirez ces lignes… —  et je roule vers une réserve naturelle qui m'a été chère, autrefois. Des jeunes biologistes l’ont reprise en main, ça je le savais. J’avais même compris, lors d'une précédente balade, que le parking sauvage à proximité est désormais amendable. Les panneaux indicateurs ont rajeuni, tout comme la clarté visuelle des topo cartes.

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Ce dimanche, je marche en guettant des étonnements plus substantiels. Une famille de pictogrammes indique, désormais, aux cavaliers qui trottent par ici comment ramasser correctement le crottin de leur cheval. Le jardin est moins ébouriffé, entretenu avec juste ce qu'il faut de désordre écolo. Je scrute les barrières en bois, si bien refaites qu'on pourrait les croire d'avant. Peut-être la petite serre rétro est-elle un brin trop rétro. Mais, tout ce qui est neuf ici a été pensé et repensé.

Je me balade dans une réserve, pas dans un musée”

Isabelle Guisan

Je me balade dans une réserve, pas dans un musée. Alors, c’est sans doute dans l’ordre des choses si le gros tronc allongé par terre que j’aimais retrouver dans un bois n’est plus là. Ses racines projetées en l'air lors d'une tempête ont longtemps dessiné une carte terreuse au-dessus d’un ruisseau. Brûlé pour faire griller des saucisses? Plutôt grignoté par des insectes. Plus loin, autre deuil: un tas de pierres polies a disparu d’une pente herbeuse, dommage, sa silhouette me plaisait. 

Les clairières ne sont plus fauchées comme avant, la forêt a changé de visage. La réserve évolue. Les familles cueillent des mûres, en ce dimanche pluvieux d'août, et l’herbe est verte. Tout va bien.

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