LE DEBAT: Faut-il accepter les animaux de compagnie dans un EMS ?

Ce chiot adopté par une maison de retraite française fait le bonheur de ses pensionnaires et contribue à leur bien-être. capture d'écran France3

En l’absence de cadre légal, il incombe à chaque maison de retraite de choisir si elle accepte, ou non, le chien ou le chat de son futur résident. Arguments. 

POUR – Daniel Pugin, directeur de la Résidence Les épinettes, à Marly (FR)

Pourquoi autorisez-vous parfois vos résidents à garder leur animal de compagnie ?

Daniel Pugin: Nous l’avons accepté sporadiquement, au cas par cas. Comme avec cette institutrice restée célibataire qui ne pouvait se séparer de son chat, dont elle était très proche. Ou cette dame qui n’avait, comme visite, que son fils avec la chienne qu’elle lui avait confiée lors de son entrée dans l’EMS. Un jour, ce dernier est subitement décédé. Nous avons alors décidé d’admettre sa chienne, car elle représentait le dernier être qui donnait sens à sa vie. Si la majorité du personnel s’est montrée favorable, une partie estimait toutefois, à juste titre, que ce n’était pas de son ressort de s’en occuper, car non seulement il fallait la nourrir et la sortir, mais aussi lui donner des comprimés et lui mettre des protections en raison de son incontinence.

 

Vous fixez-vous des limites ?

Daniel Pugin: La question centrale est de savoir qui s’occupe de l’animal, d’autant plus s’il s’agit d’un chien, moins indépendant qu’un chat, et dont la garde est beaucoup plus contraignante. En outre, un canidé peut vite déranger par ses aboiements. Il faut de surcroît impérativement que son propriétaire ait une chambre individuelle. Si la famille du résident est d’accord d’adopter l’animal le jour où ce dernier ne sera plus en mesure de s’en occuper, cela favorise notre acceptation.

 

Avez-vous beaucoup de demandes ?

Daniel Pugin: Très peu, car, en général, les gens entrent dans un EMS à un stade où leur santé est bien atteinte et qu’ils ne pouvaient déjà plus s’occuper de leur animal. Mais je suis convaincu de l’importance, pour certains résidents, de garder un contact avec les animaux. C’est pour cela que nous le favorisons en intégrant notamment dans notre programme d’animations la médiation canine.

 

CONTRE – Nicolas Kaufmann, directeur des Fleurs du Temps à Fully, Charrat, Leytron et Saillon (VS)

Pourquoi refusez-vous systématiquement que vos futurs résidents prennent leur animal de compagnie avec eux ?

Nicolas Kaufmann: De nos jours, les personnes qui entrent dans un EMS sont généralement beaucoup plus malades que par le passé. De fait, comme elles n’arrivent déjà plus à s’occuper d’elles-mêmes, elles ne sont généralement pas non plus en mesure de gérer un animal. Et même si elles sont encore en forme à leur arrivée, que se passera-t-il ensuite si leur santé se dégrade ? Est-ce au personnel soignant de s’en occuper ? Doit-on conduire l’animal chez le vétérinaire au détriment du temps passé auprès des résidents ? Les coûts que cela engendre doivent-ils être répartis sur l’ensemble des résidents ? Je pense qu’on touche là aux limites du système, et c’est donc pour ne pas créer de précédent que je refuse toujours ce genre de demandes. Cela dit, en quatre ans, je n’ai été confronté qu’une seule fois à cette question. 

 

Vous ne faites pas de différence entre chien et chat ?

Nicolas Kaufmann: Si un chien induit plus de contraintes, comme de le sortir régulièrement, un chat aura une litière à changer et risque d’aller se balader chez d’autres pensionnaires, qui ne désirent pas forcément ce contact ou peuvent être allergiques. Et vous imaginez les problèmes de cohabitation qu’on peut rencontrer s’il y a des chiens et des chats. 

 

Est-ce à dire que vous ne croyez pas au bénéfice de la présence d’un animal ?

Nicolas Kaufmann: Au contraire, j’estime que cela fait partie des thérapies qui font du bien aux gens. C’est d’ailleurs pour cela que nous autorisons certains de nos employés à prendre de temps en temps leur chien au travail ou que nous accueillons des bénévoles de Pattes tendues, qui viennent avec un canidé dans notre établissement. Mais ce sont des visites encadrées, qui ne sont imposées à personne.

Frédéric Rein

 

 

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2 Commentaires

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C'est tellement important pour la personne que je trouve cruel de la séparer de son animal alors qu'elle doit déjà quitter son petit chez-elle. Un peu d'humanité svpl.

Les conditions de la Résidence des Epinettes à Marly sont adéquates. Le respect doit donc être strict et les autres résidents ne doivent pas être importunés notamment dans les endroits où il est servi à manger. Un tel établissement ne doit, en outre, pas devenir une clinique vétérinaire pour des animaux en fin de vie..... !!!!