«Il n’y a pas d’âge pour faire du stop!»

Une grand-mère et son petit-fils: gage de succès pour faire stopper les automobilistes! © DR

Avec Thérèse, sa grand-mère, Jules a parcouru 480 kilomètres en stop sur la côte Atlantique française. Une première et, sans doute, pas la dernière pour ce duo de routards hors du commun. 

Jules Riss, 26 ans, n’hésite jamais à tendre le pouce. «Je fais du stop très souvent, par exemple pour rentrer de soirée et même pour des petits trajets», explique cet originaire de Metz, en Lorraine. Une pratique qui ne manquait pas d’inquiéter sa grand-mère de 89 ans, Thérèse, qui lui disait souvent: «Fais attention à toi, tu peux tomber sur des personnes dangereuses!»

Un ton alarmiste plus du tout au goût du jour, depuis que le petit-fils a convaincu la grand-mère de partager son expérience d’auto-stoppeur. En juin dernier, profitant du week-end de la Pentecôte, Jules et sa mamie ont entamé un périple qu’ils ne sont pas près d’oublier: «Nous sommes partis de chez ma grand-mère, à Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) en visant Concarneau dans le Finistère.» Soit, un aller-retour de 480 kilomètres en deux jours. Tout ça en stop, bien entendu, à tendre le pouce le long des nationales et des départementales.

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«Au départ, ma grand-mère ne voulait pas du tout.» Thérèse, qui ne s’était jamais retrouvée à «lever le carton», cette pancarte indiquant la destination, commence par en effet renâcler: «Au début, elle traînait les pieds, elle ne voulait pas mettre le pouce.» Mais très vite, l’amusement fait disparaître sa résistance: «J’ai accepté pour lui faire plaisir, à mon petit-fils, se confie-t-elle dans une vidéo sur Youtube. Je ne voulais pas passer pour une idiote. Je me suis dit aussi que, avec lui, je ne risquais rien. C’est la meilleure expérience de ma vie.» 

 

Le spectacle d’une dame âgée et d’un jeune homme tendant le pouce remporte un franc succès auprès des automobilistes qui s’arrêtent autant pour leur offrir une place que par curiosité: «La première voiture nous a pris après même pas cinq minutes, se réjouit Thérèse. Nous avons eu quatre voitures pour l’aller. Une telle gentillesse, jamais vu ça!»

Jules rit de bon cœur en évoquant le succès remporté par sa grand-mère: «Je tendais aussi le pouce, mais c’est sûr que ça marche mieux avec la grand-mère. C’était systématique, les gens s’arrêtaient.» Et Thérèse de plaisanter: «Eh oui, j’appâtais!»

Partis de Saint-Brévin-les-Pins à 9h30, les deux stoppeurs se retrouvent à Pont-Aven à 12h45 pour manger une galette. Les quelque 185 kilomètres de distance se sont déroulés au mieux. «Les gens qui nous prenaient étaient surpris et voulaient comprendre le but de notre voyage.»

«Si heureuse d’avoir fait du stop!»

Pour Jules, chaque minute passée avec sa grand-mère était une fête: «Tout le week-end était génial. On voyait qu’elle adorait ça, elle parlait avec les gens, elle allait directement vers les autres. J’ai aimé la voir comme ça, elle se sentait super bien.»

Un couple de retraités s’est carrément dérouté pour jouer les guides touristiques à l’irrésistible duo: «Ils nous ont fait toute une visite du littoral.» En tout, une quinzaine de voitures ont permis à Jules et à Thérèse d’accomplir ce voyage qui leur a donné envie de remettre ça: «Elle est si heureuse, aujourd’hui, d’avoir fait ça, se réjouit son petit-fils. Elle a envie de repartir. Au printemps prochain, on prévoit de parcourir en stop le Lot-et-Garonne.»

Mais qu’est-ce qui plaît tant à Jules dans l’auto-stop? Il est trop jeune pour avoir connu l’âge d’or de ce mode de transport, apparu au début des années 30 du siècle passé, et qui a permis à la jeunesse, en particulier jusque dans les années 70, de voyager à moindre frais et dans un esprit de liberté. «J’aurais pu louer une voiture et faire le même trajet avec ma mamie. Cela n’aurait pas eu la même valeur. Quand les gens s’arrêtent, c’est déjà qu’ils sont ouverts à partager ou à échanger avec vous. Il n’y a pas d’âge, pas de sexe ou d’origine, le stop est universel. Contrairement à BlaBlaCar (NDLR une plateforme communautaire payante de covoiturage), l’auto-stop ne présente pas d’enjeu financier. Sauf que, moi, je ne le fais pas parce que c’est gratuit mais pour la qualité du contact. » 

Nicolas Verdan

 

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