Martina Chyba a testé... l'implant dentaire

Une figue fraîche et... direction dentiste pour un implant. © DR

Ses copines se sont fait poser des implants mammaires. Martina, elle, est passée chez le dentiste pour une opération moins glamour. 

Vous connaissez l’expression: «avoir 50 ans et toutes ses dents», n’est-ce pas? Ça marche aussi avec 60, 70, 80 et, plus le chiffre est élevé, plus c’est censé être spectaculaire d’avoir encore toutes ses dents. Eh bien, il arrive un moment où on comprend pourquoi cette phrase existe. Parce qu’on commence à perdre, non pas du poids, ce serait trop beau, mais ses dents. D’ailleurs, vous avez remarqué: on perd toujours ce qu’on ne veut pas - les dents, les cheveux, la vue, l’ouïe, l’élasticité de la peau, les muscles. Et on gagne de la graisse et de la sagesse. Ça nous fait une belle jambe… ben non justement pas, misère.

Tout ça pour dire qu’à la loterie génétique, j’ai tiré des dents de m…. Mon dentiste n’a jamais besoin de m’envoyer des rappels pour les contrôles, car je suis fourrée chez lui en permanence. Et, récemment, j’ai perdu un bout de dent, pas en me battant dans un bar ou en essayant de décapsuler une bière, non, en mangeant une figue fraîche… Vous voyez à quel stade on en est. «Celle-là, on ne va pas pouvoir la récupérer», dit mon dentiste adoré et adorable (remarquez, il peut, car je représente une source régulière et assurée de revenus). «Et comme celles d’à côté sont dévitalisées, il va falloir mettre un implant.» Voilà, le mot est lâché, c’est dingue comme ça donne un coup de vieux. J’ai 57 ans et plus toutes mes dents, l’impression d’avoir un pied dans la tombe et l’autre qui glisse. J’ai des copines qui se sont fait poser des implants mammaires, moi j’aurai un implant dentaire. Question glamour, c’est sûr que ça fera moins rêver les mecs, mais je pourrai me nourrir correctement, il y a des priorités dans la vie.

Mode panique

Le jour de l’arrachage, je suis en mode panique, car j’ai le souvenir d’une extraction de dent de sagesse qui a provoqué une alvéolite sèche. Un terme barbare pour une douleur non moins barbare qui a duré 40 jours, à se taper la tête contre les murs, à manger des Ponstan comme des Tic Tac, et à me faire poser des clous de girofle dans la cavité, ce qui me soulageait à tout casser 30 minutes. Atroce. Pour me détendre, j’engage la conversation avec un monsieur âgé dans la salle d’attente. Il me dit: «Un implant? Oh, moi, j’ai une Ferrari dans la bouche!» J’ai mis quelques minutes avant de comprendre qu’il devait avoir plein d’implants et que ça coûtait quelque chose que les dentistes n’aiment en principe pas, à savoir bonbon. 

Contrairement à ce que je redoutais, l’arrachage se passe bien, je survis. Trois mois après, on passe à la pose de l’implant. Enfin, quand on dit pose, il faut savoir de quoi on parle. On fore l’os pour planter une sorte de vis, quoi. Oui dans le squelette. On fait un trou, c’est de la menuiserie, atelier bricolage. Il a fallu trois anesthésies: «Vous sentez encore quelque chose là?» Heinhin (seule réponse possible). «OK, je vais remettre une petite louche.» On ne va pas se raconter d’histoires, j’en ai un peu bavé, au propre comme au figuré, et les deux semaines qui ont suivi, j’ai vécu au rythme des Dafalgan 1000. Lors du rendez-vous suivant, le dentiste prend une empreinte avec une machine dingue qui ne vous touche même pas, ne fait pas mal et ne fait pas vomir comme la pâte. Un truc qui modélise en 3D et qui permettra, ensuite, l’impression, toujours en 3D, de ma couronne. Ou un truc comme ça. Des fois, c’est quand même cool de vivre au XXIe siècle.

 

Dernière séance, on visse la couronne sur l’implant, on ponce, on lisse, on fait joli et hop! je ressors avec une dentition complète, ça titille pendant quelques jours, mais après j’oublie. C’est comme les accouchements, on ne garde que les bons souvenirs.

Ce qui est plus difficile à oublier, je ne vous cache pas, c’est le prix. On a beaucoup parlé de douleurs, il est temps de parler de la douloureuse... et c’est ça qui fait le plus mal. Je n’aurai certes pas de Ferrari dans la bouche, moi, mais tout de même l’équivalent d’un joli vélo électrique à 2900 francs et des poussières. Je dis à mon dentiste, en riant de toutes mes dents: «Bon, j’ai déjà aidé à payer votre baraque, la véranda, la cave à vin, avec l’implant, vous allez pouvoir attaquer le jacuzzi!» Et on attend la prochaine figue avec impatience.

Martina Chyba

Une prothèse fiable

Lorsque l’on perd une dent à cause d’une fracture, d’une carie ou d’une maladie des gencives, il n’est pas toujours possible de réparer. «L’implant est quelque chose de fiable, qui marche bien, qui assure une bonne longévité et qui n’est pas dépendant des dents d’à côté, ce qui est le cas lorsque l’on fait un pont, par exemple», explique le dentiste Cyril Chambaz, à Genève. «Il s’agit d’une prothèse en titane visant à remplacer une racine. Cela se passe en trois étapes pour les cas simples. 1. On extrait la dent malade et on laisse cicatriser trois mois. A ce moment, avec un examen clinique et radiologique, on évalue le volume d’os résiduel, qui est utilisable. 2. On planifie une intervention, lors de laquelle on pose l’implant, qui est une sorte de vis, dans l’os, et on attend encore trois mois que cela cicatrise. On vérifie ensuite si l’implant est bien intégré. 3. On prend une empreinte soit avec une pâte soit de façon numérique, avec une caméra, et on fait réaliser la couronne, la fausse dent, dans une matière céramo-métallique ou tout céramique. Enfin, on la fixe sur l’implant.» Le processus dure donc six mois en moyenne.

Mais est-ce que cela fait mal, docteur? Sourire du dentiste: «Cela semble impressionnant, mais cela ne fait pas plus mal qu’une extraction pour les cas sans problème. Pour l’étape de la pose de l’implant, il faut compter un peu plus d’une heure d’intervention avec anesthésie, bien sûr. Après, c’est variable, selon les gens, mais, dans la plupart des cas, il n’y a pas de longues périodes de douleur.» 

Et existe-t-il des contre-indications? Certaines pathologies principalement cardiaques ou immunologiques ainsi que certains traitements médicaux (chimiothérapie, ostéoporose et radiothérapie) présentent une contre-indication. Le tabagisme n’est pas une contre-indication absolue, mais les taux de réussite sont moins bons. Le taux d’échec est faible et se produit généralement de manière précoce, il arrive que l’implant ne s’intègre pas, mais cela reste rare. Malheureusement, si on ne peut faire ni de pont ni d’implant, la solution qui reste est la prothèse amovible, à savoir le dentier». Ajoutons qu’il est tout à fait possible d’avoir plusieurs implants, même les uns à côté des autres.

La question que tout le monde se pose: le prix. Pourquoi est-ce si cher? Il est difficile de donner un prix précis, car il peut varier selon les cas et les cabinets, mais «il faut compter grosso modo 3000 francs s’il n’y pas de complications, précise Cyril Chambaz. L’implant coûte environ 500 à 600 francs, la couronne entre 500 et 800 et, bien sûr, les honoraires du dentiste qui comprennent l’anesthésie, le matériel de base et l’assistance.»

Malheureusement, le prix constitue le plus gros frein d’accès à la pose d’un implant. Et quel conseil donner aux gens qui hésitent à investir cette somme et ce temps dans un implant dentaire? «C’est simple, conclut le dentiste, au final, on ne se souvient plus que l’on a un implant. Les patients sont souvent très contents et n’hésitent plus s’ils doivent en remettre un.»

M.C. 

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