«L’âge ne compte pas. Seule compte la présence»

Odette Gnaegi exprime toute sa reconnaissance envers la bénévole Madeline Jodry, de deux ans 
son aînée. © Sandra Culand

Le soutien constant et les visites d’une bénévole octogénaire de Pro Senectute ont changé la vie d’une septuagénaire de La Chaux-de-Fonds.

«Sans vous, je ne serais plus là.» Dans la salle à manger de l’EMS Les Arbres, à La Chaux-de-Fonds, Odette Gnaegi, 78 ans, ne mâche pas ses mots quand elle exprime toute sa reconnaissance envers Madeline Jodry, 80 ans, sans l’aide de laquelle elle aurait dépéri. Bénévole à Pro Senectute Arc jurassien, cette fringante octogénaire a fait connaissance avec la septuagénaire en difficulté en 2015: «Au début, quand je me rendais chez elle, je m’occupais essentiellement de questions administratives, paiements et autres.» Solitaire, peu désireuse de contacts, Odette apprécie la discrétion de cette bénévole de deux ans son aînée: «L’âge ne compte pas. Seule compte la présence!» 

Respectant la sphère intime de cette femme qui vivait alors dans un appartement protégé de La Chaux-de-Fonds, Madeline ne bouscule pas la forte personnalité de cette bénéficiaire de Pro Senectute qui mettra trois ans avant de commencer à s’ouvrir: «Au début, je ne posais aucune question. On se disait bonjour, je prenais des nouvelles de son chat Chopin qui me regardait d’un drôle d’air, caché derrière le frigo.» 

La confiance s’installe

Avec la confiance qui s’installe, suivant un rythme naturel, non forcé, Odette se livre toujours plus. Aussi, ce jour où Madeline lui trouve une mauvaise mine, n’hésite-t-elle pas à lui confier qu’elle n’a pas de médecin traitant. Ni une ni deux, la bénévole se met en quête de lui en trouver un. Il y a urgence: «Je me suis dit que je n’aurais pas voulu voir ma propre mère dans un tel état de santé. Madame Gnaegi dépérissait. Elle se nourrissait mal.» Commence alors un marathon qui aurait découragé plus d’une personne, même dotée d’une grande générosité d’âme: aucun médecin ne semble disposé à prendre une femme âgée et malade comme nouvelle patiente. 

«Pour Madame Jodry, çe fut un parcours du combattant», reconnaît Odette qui n’y serait jamais arrivée toute seule. «A force de refus, j’ai fini par me fâcher», lance la bénévole. A tel point qu’elle se rend en personne dans un cabinet de La Chaux-de-Fonds et qu’elle s’exprime haut et fort devant les secrétaires médicales médusées. Si aucun médecin ne prend sa protégée, Madeline en parlera aux médias. Fort heureusement, son appel est entendu par un généraliste présent dans les locaux. 

De longs mois de consultations et d’opérations répétées de la hanche conduisent finalement la bénéficiaire à être placée dans un EMS. Une quatrième tentative chirurgicale n’y change rien. Pire, même: Odette a perdu son autonomie. En revanche, elle peut toujours compter sur le soutien constant de Madeline qui lui rend visite, lui achète des habits et répond à ses besoins particuliers: des épices, pour relever les saveurs des plats, des marrons glacés. Et même un chiffon pour l’écran TV. Cette présence est essentielle à l’équilibre de la septuagénaire: «Malgré mon grand handicap, je suis encore jeune dans ma tête, je suis encore loin de Mathusalem!» A l’EMS, heureusement, il y a aussi Marco, un soignant qui n’hésite pas à lui tendre son smartphone: «J’ai pu voir des extraits de concerts de Freddy Mercury.» Tardive, la découverte du groupe de rock Queen illumine les jours d'Odette. Les nuits aussi, quand ce ne sont pas des matchs de catch à la télé, le mercredi, qui la maintiennent éveillée jusqu’à point d’heure. 

«Sens de la communauté»

Lorsqu’il a fallu vider l’appartement d'Odette et vendre les meubles, Madeline a tout réglé. Fille d’une famille nombreuse, avec dix frères et sœurs, elle a grandi dans les Franches Montagnes: «Le sens de la communauté, je n’ai pas eu besoin de l’apprendre.» Adulte, tout naturellement, Madeline a continué sur cette lancée solidaire. Avec sa maman, puis sa sœur aînée, quand l’âge ou la maladie les a rattrapées. Pour le compte également de Magasins du Monde et de Pro Senectute Arc jurassien où elle a eu «une bonne dizaine de mandats».

Dans la salle à manger de l’EMS Les Arbres, la complicité entre la bénévole et la bénéficiaire est évidente. Odette sourit. Madeline aussi: «C’est comme ça que j’entends le bénévolat.» 

Nicolas Verdan

Appel aux bénévoles 

Pro Senectute Arc Jurassien, comme toutes les organisations cantonales de Pro Senectute en Suisse romande, est à la recherche de bénévoles dans tous les domaines confondus.

Actuellement, 62 personnes occupent des tâches dans l’accompagnement administratif (BAA), 81 pour les déclarations d’impôts, 58 pour la mise sous pli, 26 pour les visites à domicile (offre déployée uniquement dans le canton du Jura), 37 pour le domaine des tables d’hôtes et 78 pour le projet win3 — trois générations dans la salle de classe.

Pour le secteur accompagnement d’activités sportives et de loisirs, 174 personnes sont répertoriées. «Actuellement, nous avons besoin de renforcer deux secteurs en particulier, précise Vanessa Battista, responsable de la coordination du bénévolat: de nouvelles tables d’hôtes dans tout l’Arc jurassien. Il s’agit d’accueillir, chez soi, quatre à neuf convives et partager des moments conviviaux autour d’un repas concocté par vos soins. Nous cherchons également des moniteurs pour l’aquafitness, la gymnastique et la gymnastique à domicile (Domigym), la randonnée et le VTT.»

Pro Senectute Arc Jurassien va ouvrir trois nouvelles classes (projet win3) dans le Jura bernois. Trois seniors qui souhaiteraient intégrer une classe pour apporter un soutien à l’enseignant peuvent faire valoir leur motivation. Le bénévolat est accessible à tous, indépendamment de l’âge, de la nationalité, du sexe ou des conditions sociales de la personne. (N.V.)

>> Plus d’info

A l’instar de Madame Jodry, si vous désirez offrir un peu de votre temps dans un domaine d’accompagnement administratif, sportif ou de loisirs, merci de prendre contact avec l’organisation Pro Senectute de votre canton.

 

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