Nicole Niquille: la mort et moi

La première mort qui vous a marquée?
Celle de mon père, décédé brusquement à 58 ans. J’ai trouvé que ce n’était pas un âge pour partir. Il y a les morts révoltantes et celles qui sont dans l’ordre des choses, comme celles des personnes âgées. Notez, chez les bouddhistes, la mort d’une personne âgée est plus grave que celle d’une enfant, car avec elle, c’est toute une vie de savoir qui s’en va.
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À 37 ans, vous êtes guide de montagne et vous perdez l’usage de vos jambes suite à un accident improbable. Un deuil?
Une suite de deuils. Celui de l’indépendance, de la mobilité. Mais aussi des sensations, du contact avec les éléments naturels. Maintenant, quand je suis mouillée, je suis contente. Quand j’étais guide, j’évitais.
Une autre mort a marqué votre vie: celle de la Népalaise Pasang Lhamu, en mémoire de qui vous avez fondé un hôpital.
Pasang Lhamu a vaincu l’Everest en 1993. Elle est morte pendant la descente. C’était sa quatrième tentative. Une des précédentes a eu lieu en 1986, par la voie normale népalaise. Au même moment, je tentais moi-même l’ascension, par la face Nord. Nous aurions pu nous rencontrer au sommet. Tout cela, je l’ai su plus tard, par son frère, Ang Gelu Sherpa, qui était cuisinier à Tanay, dans le bistrot de montagne que nous gérions...
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