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Société

Lytta Basset: la mort et moi

Anna Lietti, Journaliste - mer. 01/02/2023 - 00:00
Née en 1950 en Polynésie française où son père était pasteur, Lytta Basset, théologienne, pasteure, formatrice en accompagnement spirituel, est l’auteure d’ouvrages remarqués où elle mêle audacieusement théologie, psychologie et expériences extrasensorielles.
La mort et moi Lytta Basset pasteure
Portrait de Lytta Basset.  ©  Nicolas Zentner


 

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- Dans votre dernier livre*, vous revenez sur la mort de votre fils Samuel, en 2001. Aviez-vous vécu des deuils marquants avant?
- Deux ans avant Samuel, mon père est décédé brutalement. Mais la consternation m’a été épargnée, car j’avais eu la prémonition de sa mort et, dix jours avant, j’ai pu vivre avec lui un magnifique moment d’authenticité. Depuis son départ, mon père n’a cessé de me montrer le chemin. Il m’a initiée à la perception du monde invisible, concrétisée dans ce que j’ai vécu autour de la mort de Samuel. Jusqu’à la publication de ce livre.

- Vous parlez de «traversée du voile» plus volontiers que de «mort»…
- Il ne s’agit pas d’escamoter la mort. Mais ma conviction est qu’elle n’est que la transition entre ce monde terrestre et celui de la Vie avec un grand «V». L’enjeu, pour nous, est de devenir réceptifs à cette vie qui nous vient à travers nos défunts.

- La conscience survit au corps?
- C’est plus complexe. Mon expérience, dans le droit fil de la tradition chrétienne, est celle du «corps spirituel». La personne est parfaitement reconnaissable, on la voit, on l’entend… Vous savez, beaucoup de gens vivent des contacts avec les proches défunts: 50% à 60% de la population, selon les études les plus récentes!

- Que dites-vous à une personne qui vous lit, qui désire un contact avec un être cher décédé, mais pour qui rien ne se passe?
- Je lui proposerais de commencer sa lecture par Ce lien qui ne meurt jamais (2007). Je  décris le deuil depuis le premier jour et comment, peu à peu, j’ai appris à lire des signes que je n’avais pas immédiatement perçus comme tels. C’est une sensibilité à développer. Bien des gens se l’interdisent. «Vous attendez un signe? Vous ne l’aurez jamais!», s’est entendu dire une amie qui cherchait du réconfort dans une association de parents endeuillés. Il y a des gens qui écrivent: «On ne se remet jamais de la mort d’un enfant.» Mais de quel droit? Qui est «on»?

- N’est-ce pas plus facile pour vous qui êtes croyante et pasteure?
- Ça n’a rien à voir! Les enquêtes le prouvent: les expériences de contact avec les défunts ne sont pas corrélées à une foi, une religion, une culture.

- La tradition protestante y est même hostile: il y a donc, selon vous, plus de désespoir dans ses rangs…
- C’est un constat que je fais après trente-cinq ans d’accompagnement de personnes en deuil. Chez les protestants, on ne s’adresse pas aux morts. On les confie à Dieu et ça s’arrête là. Ce n’est pas humain. Quand on a perdu un proche, la question brûlante est: Où es-tu? Est-ce que je peux retrouver un lien avec toi? 

- Pensez-vous à votre mort?
- Toute peur de la mort en moi a disparu. Je sais que je suis attendue, qui viendra m’accueillir...

- Qui viendra?
- Mon père, ma mère, notre fils bien sûr. Et les femmes de ma lignée maternelle parce que, en thérapie, j’ai fait beaucoup de travail transgénérationnel. 

- Quand vous ne serez plus là, vous serez ange gardien pour terriens?
- Je préfère parler de corps spirituel, d’être de lumière. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui ont traversé le voile ont une mission d’accompagnement: on ne s’ennuie pas de l’autre côté!

- Dans le dialogue avec les défunts, il n’est jamais trop tard?
- Rien n’est jamais trop tard. Ni pour les injustices non reconnues, ni pour les drames jamais nommés. Quiconque a un désir d’apaisement peut s’atteler à ce travail, même longtemps après. C’est dans ses mains. 

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