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Les animaux domestiques, des membres de la famille à part entière.
Episode 2 / 20

Faut-il pucer les chats?

La Confédération étudie actuellement la question du puçage des quelque 2 millions de chats qui vivent en Suisse. Une mesure qui ne plaît pas à tout le monde. Débat.
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Il y a quelque 2 millions de chats en Suisse. © iStock

 Le débat politique de générations du mois de février 2025.

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Il s’agit d’une mesure simple et efficace”

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Fabien Fivaz
Conseiller national Les Vert-e-s (NE)

Pourquoi êtes-vous favorable au puçage de tous les chats de Suisse?
Fabien Fivaz (POUR): Il s’agit d’une mesure simple et efficace pour contrôler la prolifération des chats en Suisse, en particulier des chats errants. On estime qu’il y en aurait jusqu’à 300'000 dans notre pays, dont la reproduction est donc incontrôlée. Ces chats posent des problèmes d’hygiène publique, mais ont également un fort impact sur la biodiversité, en particulier sur les oiseaux et les reptiles. Le puçage représente une demande récurrente des milieux de protection des animaux. Cela permettrait aussi de responsabiliser les propriétaires de chats aux problèmes que peuvent poser leurs animaux et éviter les abandons. Rappelons que la Loi fédérale sur la protection des animaux vise à protéger leur dignité et leur bien-être. Si l’ordonnance oblige les détenteurs à prendre les mesures nécessaires pour empêcher la reproduction incontrôlée de leur animal, rien n’est prévu pour les chats errants.

Selon les milieux agricoles, qui sont réticents, il s’agit d’une mesure trop contraignante. Est-ce un argument recevable à vos yeux?
Non, car c’est une mesure facile à mettre en place, qui s’applique aujourd’hui déjà aux chiens. Elle est presque indolore pour le chat et permet d’avoir de réels effets. Pucer un chat (NDLR: on estime, en Suisse, que près d’un tiers des chats sont enregistrés) coûte environ entre 50 et 90 francs, ce qui n’est pas prohibitif. D’autres propositions plus contraignantes ont été discutées à Berne, comme la castration obligatoire de tous les chats qui sortent librement, mais cette dernière a été refusée en 2020.

N’y a-t-il pas, ensuite, le risque de voir apparaître une taxe sur les félins domestiques, sur le modèle de celle pour les chiens?
Non, ce n’est pas prévu par le législateur. D’ailleurs, la Confédération ne prévoit que l’obligation de puçage; les cantons resteront responsables de la mise en œuvre et des autres problématiques liées aux animaux domestiques.

Une obligation générale est disproportionnée”

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Nicolas Kolly
Conseiller national UDC (FR)

Pourquoi n’êtes-vous pas favorable au puçage des chats?
Nicolas Kolly (CONTRE): Je ne suis pas défavorable au puçage en tant que tel, qui se fait actuellement de manière facultative auprès de la banque de données ANIS, mais à l’obligation généralisée de mettre une puce à tous les chats. Si cela fait sens de pucer de façon plus généralisée dans les milieux urbains, ce n’est pas le cas à la campagne.

Le monde agricole semble en effet particulièrement réticent. Comment l’expliquez-vous?
De nombreux agriculteurs détiennent des chats de ferme qui vivent dans les bâtiments agricoles et sont notamment utiles dans la lutte contre les rongeurs, comme les souris. Procéder à un puçage engendrerait un coût non négligeable et un travail conséquent pour mettre ces puces et faire le suivi administratif, de surcroît sans qu’il y ait de plus-value. Cela représenterait donc une démarche disproportionnée. 

Ne serait-ce pas bénéfique pour limiter le nombre de chats errants, qui vivent souvent dans des conditions déplorables?
Non, il n’y a pas de lien entre le puçage et la lutte contre les chats errants. Cette régulation peut être faite par d’autres moyens, notamment la stérilisation, voire, dans des cas problématiques, par des mesures de régulation différentes.

Et la préservation de la faune sauvage?
Là encore, je ne vois pas de lien direct. S’ils n’ont plus de propriétaire, les chats errants peuvent être considérés comme des animaux sauvages, qui sont alors soumis à la loi de la nature, et donc aux prédateurs qui y vivent.

Voyez-vous une autre solution, plus adéquate?
Non, car la situation et la législation actuelles conviennent.

Craignez-vous la mise en place d’une taxe sur les chats, sur le modèle de celle pour les chiens?
Oui, il est presque certain que cela serait la prochaine étape en cas d’obligation générale de pucer les chats.

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