Alain Morisod: la mort et moi
Vous avez perdu votre père très tôt…
À 9 ans. Mon père est parti en six mois d’un cancer du larynx. Je me serais bien entendu avec lui : il aimait la musique et la vie. Il m’a manqué, mais j’ai peut-être moins souffert que d’autres grâce à ma mère, une femme formidable. Elle avait tellement peur qu’on tourne mal, mon frère et moi, qu’elle nous a couvés, presque trop…
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Ça conditionne une vie, d’être orphelin si tôt?
Au Collège Florimont à Genève, où j’ai été scolarisé, quand je lisais dans le carnet « Signature des parents », j’avais les yeux qui piquaient. Je ne me sentais pas tout à fait comme les autres. Mais peut-être aussi que ça m’a fortifié. J’ai grandi vite.
Vous gardez de votre père «le souvenir intact du bon vieux temps», avez-vous dit. C’est votre musique, ça : nostalgique.
Absolument. Je ne veux pas être passéiste, je ne dis pas «c’était mieux avant», mais je dis «c’était pas mal non plus». Je suis surtout nostalgique de la parole donnée. Il me semble que ça n’existe plus.
Pensez-vous à votre mort?
Ah oui. J’ai été élevé dans la religion catholique. Aujourd’hui encore, tous les jours, je fais deux prières, une pour la Vierge et le Notre Père. Je ne sais pas si c’est utile. Plus ça va, plus je...
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