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Santé & Bien-être

Des solutions contre l'incontinence urinaire - table ronde le28.11.2024

Frédéric Rein, Journaliste - mar. 01/10/2024 - 11:19
L'incontinence urinaire pourrit la vie des personnes qui en sont victimes. Deux spécialistes lausannois reviennent sur cette pathologie contre laquelle il existe des solutions.

Ce ne sont parfois que de petites fuites, mais elles peuvent avoir de grandes répercussions. Les conséquences de l’incontinence urinaire, qui peut conduire au port de couches, impactent en effet fortement le quotidien et la qualité de vie de celles et ceux qui en sont victimes. «D’autant plus que la gêne n’est pas seulement liée aux pertes urinaires, constate Aude Nessi, gynécologue spécialisée en uro-gynécologie et en incontinence urinaire. J’ai des patientes pour qui le fait de devoir aller fréquemment aux toilettes mine déjà bien les journées. Il faut gérer ses déplacements selon où se trouvent les WC ou encore définir des périmètres de sécurité, sans oublier les répercussions sur le sommeil. Certaines patientes vont jusqu’à limiter les boissons, mais cela n’est pas une bonne solution, car cela augmente le risque d’infection urinaire.»

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Avant 50 ans, cette pathologie concerne presque exclusivement les femmes. «À cet âge, c’est essentiellement lié à la grossesse et à l’accouchement, d’autant plus si ce dernier a lieu par voie basse dans des conditions particulièrement traumatiques ou si le bébé est imposant», explique Nuno Grilo, spécialiste en urologie, urologie opératoire et neuro-urologie. «Cela amène à un étirement de toute la structure pelvienne. La vessie et l’urètre sont alors moins bien soutenus quand la pression abdominale augmente, d’où ce nom d’incontinence urinaire à l’effort. Conséquences: de l’urine qui s’échappe en plus ou moins grande quantité lorsqu’on tousse, on éternue ou on soulève une charge.»

Les traitements en amont sont assez efficaces”

incontinence urinaire santé protection urologie gynécologie
Dre Aude Nessi
Gynécologue indépendante, accréditée à la clinique de La Source

Des femmes qui peuvent également être touchées quand survient la ménopause. «La baisse des œstrogènes au niveau vaginal est un terrain propice, tout comme les facteurs qui augmentent la pression abdominale, à l’instar de l’obésité, de la toux chronique liée au tabagisme et de la constipation», note la gynécologue. À ce moment apparaissent également les incontinences urinaires dites d’urgence, dont la magnitude est souvent plus forte que pour celles d’effort. Dans ce cas, la fuite n’est pas associée à la pression abdominale, mais à une hyperactivité de la vessie. On a alors fréquemment envie d’uriner, même pour de petits volumes. Au début, on arrive jusqu’aux toilettes, mais ensuite, il y a le risque de se faire dessus. «Les femmes, y compris celles qui n’ont jamais connu cela après un accouchement ou qui n’ont pas accouché, peuvent développer parallèlement les deux formes d’incontinence, même si, à cette période de la vie, elles présentent majoritairement des incontinences d’urgence», précise Aude Nessi.   

Les hommes aussi

Un autre âge charnière se situe autour de 60 et 70 ans. Le vieillissement fait que la vascularisation et l’innervation de la vessie se dégradent progressivement, ce qui est particulièrement favorable aux incontinences d’urgence. C’est à ce moment que les hommes rattrapent les femmes dans les statistiques relatives à l’incontinence, qui montrent que, à partir de cet âge-là, 50% de la population est touchée, indépendamment du sexe. «Hormis en cas de chirurgie (comme l’ablation d’un cancer de la prostate), ces messieurs sont presque exclusivement touchés par l’incontinence d’urgence, atteste Nuno Grilo. Il faut chercher la cause du côté de leur prostate. Celle-ci grossit, vraisemblablement sous l’effet d’une modification hormonale, ce qui rend le passage des urines plus difficile. En réponse, la vessie devient hyperactive. Des contractions ont lieu sans que l’ordre soit transmis, ce qui donne envie d’aller uriner fréquemment, quand bien même il n’y a pas de nécessité.»

Nombreux traitements

Peut-on prévenir l’incontinence? Les spécialistes répondent d’une même voix qu’il s’agit d’avoir une bonne hygiène de vie (afin d’éviter l’obésité, le diabète ou encore hypertension), de s’abstenir de fumer, de diminuer le café (qui augmente l’hyperactivité vésicale) ou encore de faire du sport et de la physiothérapie pour renforcer le plancher pelvien.

Et une fois qu’on est touché par ce mal, peut-on espérer retrouver une qualité de vie normale? Oui, assurent les médecins. En ce qui concerne l’incontinence urinaire d’urgence, plusieurs traitements existent. En première ligne, il s’agit de changements comportementaux (régularisation de l’hydratation…) et de physiothérapie. «Dans le cadre de la physiothérapie, on peut prescrire de la neurostimulation du nerf tibial postérieur (TENS), note Aude Nessi. Cela consiste à mettre une électrode à la hauteur du tibia, dont les impulsions électriques vont calmer la vessie hyper-active. J’ai des patientes chez qui cela fonctionne très bien, mais cela implique un traitement quotidien d’une vingtaine de minutes. En revanche, si on l’arrête, le trouble réapparaît. Dans le cas où l’incontinence apparaît à la ménopause, des traitements locaux à base d’œstrogènes peuvent grandement améliorer la situation.»

Envie d'uriner quand bien même il n'y a pas de nécessité”

incontinence urinaire santé protection urologie gynécologie
Dr Nuno Grilo
Urologue indépendant, accrédité à la clinique de La Source

Si cela ne suffit pas et que les pistes neurologiques ou d’une maladie (comme un cancer) ont été exclues, on peut envisager des traitements médicamenteux, mais principalement dans le cadre d’une incontinence d’urgence, car il n’en existe pas d’efficaces pour la forme dite d’effort. 

L’étape suivante: «Les thérapies mini-invasives, à savoir des injections de botox dans la vessie ou de la neuromodulation des nerfs pelviens à l’aide d’une électrode et d’un pacemaker pour la vessie», énumère Nuno Grilo. En dernier recours, on trouve des interventions chirurgicales plus invasives. « Mais, généralement, les traitements en amont sont assez efficaces, rassure Aude Nessi. On peut compter sur les doigts d’une main les patients pour lesquels il faut envisager une chirurgie.» 

En ce qui concerne l’incontinence urinaire d’effort, quand les changements comportementaux et la physiothérapie ne sont pas suffisants, de nombreuses techniques chirurgicales sont également disponibles, permettant de grandement améliorer la qualité de vie de la plupart des patients. Bref, de vraies solutions existent!

Une table ronde à Lausanne

«Incontinence urinaire: briser le silence, retrouver le confort». Cette discussion libre abordera sans tabou les causes de l’incontinence urinaire chez les femmes et les hommes, la prévention et les traitements qui permettent de retrouver confort de vie et tranquillité d’esprit.

Intervenants: Dr Nino Grilo, médecin spécialiste en urologie opératoire, spécialisé en incontinence urinaire. Dre Aude Nessi, médecin spécialiste en gynécologie et spécialisée en uro-gynécologie, incontinence urinaire et chirurgie vaginale et périnéale. Coline Roch, physiothérapeute à La Source Fitphysio, spécialisée en uro-gynécologie et en incontinence urinaire chez la femme.

Quand? Jeudi 28 novembre 2024, de 17h30 à 19h (accueil dès 17h15 - apéritif à 19h).

Où? Clinique de La Source, Lausanne.

Informations complémentaires et inscription: jusqu’au mercredi 20 novembre 2024 sur www.generations-plus.ch/source ou écrire à Société coopérative Générations, I. Bosson, Fontenailles 16, 1007 Lausanne.

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