Telling Death: Six Podcasts pour parler de la mort et du deuil
Bruson (VS), été 2023. Martine, 68 ans, a réuni autour d’elle quatre femmes âgées de 12 à 82 ans. Ensemble, elles évoquent la mort. Elles racontent, avec sincérité et sensibilité, leurs expériences et leurs souvenirs en lien avec les personnes défuntes. Des discussions, aussi touchantes qu’enrichissantes, entrecoupées d’interludes musicaux et, parfois, de pauses Kleenex. Ce premier épisode d’une série de six podcasts d’une durée de 35 à 40 minutes chacun s’inscrit dans le projet «Telling Death – Raconter la mort», qui revient sur une thématique dont on ne parle souvent qu’à demi-mot, voire pas du tout : la mort et le deuil. Pourtant, cela fait partie de la vie.
Ces six discussions issues de rencontres en petits groupes d’un maximum de cinq personnes seront diffusées dès septembre sur le site de générations (en exclusivité durant deux semaines), avant de se retrouver sur les plateformes classiques (Spotify, etc.) et sur le site de Telling Death.ch.
Pas parasité par l’image
Mais revenons avec Marc-Antoine Berthod, responsable du projet, et Veronica Pagnamenta, coordinatrice des activités, sur la genèse de ce projet porté par la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL | HES-SO), avec le ColLaboratoire de l’UNIL, et financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique pour la rencontre avec le grand public.
Pourquoi avoir décidé de parler de la Mort sous forme de podcasts ?
«Après plusieurs recherches sur cette thématique, nous avons souhaité communiquer avec le public afin qu’il se sociabilise à la mort», répond Marc-Antoine Berthod. «Si ce projet, débuté en 2023, comprend aussi des rencontres citoyennes in situ et, dès mars 2025, une exposition comprenant une installation artistique, le recours aux podcasts, naturellement dans l’air du temps, permet d’offrir un accès facilité à ces dialogues, poursuit Veronica Pagnamenta. C’est aussi un pied de nez à un monde qui repose beaucoup sur l’image. Celle-ci ne vient en l’occurrence pas parasiter les propos.»
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Un Podcast intergénérationnel
Quelle est la spécificité de cette démarche? «Il existe de nombreux podcasts sur la mort, mais l’originalité repose ici sur la dimension intergénérationnelle, avec au moins trois générations en discussion entre elles, et sur la volonté de parler des aspects matériels de la mort (les pratiques, les objets…), une dimension souvent oubliée que nous traitons dans nos études», soulignent-ils en chœur.
Les deux chercheurs s’accordent aussi à dire que «ces audios permettent de raconter une tranche de vie personnelle, car nous avons tous une expertise en la matière, tout en l’inscrivant dans une histoire plus grande, ce qui offre un autre éclairage.Cela permet de collectiviser une réflexion sur la mort et de construire son propre cheminement. De dire, mais aussi d’entendre. Les occasions de partager autour de cette thématique ne sont pas très nombreuses, mais, s’il y a un espace pour le faire, on se rend compte que les gens en parlent assez volontiers, contrairement à ce qu’on pourrait penser.»