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Laurence Bisang

Laurence Bisang: «À 65 ans, on n’est pas des vieux trucs !»

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - dim. 01/09/2024 - 00:00
L’inoxydable animatrice des Dicodeurs, Laurence Bisang, a accepté le défi de générations: proposer un podcast dédié à sa nouvelle vie de jeune…retraitée. Retrouvez sa voix dès aujourd’hui sur notre site.
Portrait de Laurence Bisang, «Mon métier a toujours été important, mais ma vie privée et amoureuse, que j’ai toujours soignée, l’est encore plus…», explique Laurence Bisang.
«Mon métier a toujours été important, mais ma vie privée et amoureuse, que j’ai toujours soignée, l’est encore plus…», explique Laurence Bisang. © Yves Leresche

Son rire inimitable vous manque ? Sa voix gentiment railleuse aussi ? C’est normal. Laurence Bisang Bernheim, l’âme damnée des Dicodeurs – qu’elle a animé pendant plus de deux décennies sur La Première – est désormais à la retraite. Drôle d’aventure que générations l’a invitée à raconter avec tout son cœur, ses coups de gueule et son infini appétit de vivre dans un podcast inédit à découvrir sur son site dès aujourd’hui. Échanges. 

Alors, la retraite,c’est comment? 

On me disait que j’allais enfin pouvoir faire ce que j’aimais ! Cela faisait 38 ans que c’était déjà le cas... Mais avec des métiers pareils, il faut savoir laisser sa place… J’ai donc très vite décidé qu’il ne fallait pas pleurnicher. Les gens me manquent, évidemment, mais comme un cheval qui sent l’écurie, j’ai vite fait de me réjouir de la fin. Et j’y suis. 

Que faites-vous de vos journées? 

J’ai appris à glander. Pas trop de rendez-vous le matin (rires) et surtout aucun réveil ! Cela dit, quand j’ouvre mon agenda, je vois que mon emploi du temps est bien rempli  des potes, des virées et encore des potes… Même si je suis engagée dans différents comités, je me réjouis de me poser chaque jour sur mon rocking-chair, après avoir fait mon thé et donné à manger au chat. Je regarde le jardin, tout peut alors attendre. 
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A la retraite, on a au moins quinze ans devant nous, nom d’une pipe! Existons encore!”

Portrait de Laurence Bisang, «Mon métier a toujours été important, mais ma vie privée et amoureuse, que j’ai toujours soignée, l’est encore plus…», explique Laurence Bisang.
Laurence Bisang
Animatrice Radio

Dans quels comités œuvrez-vous?

L’Association des proches aidants, les Amis de l’école de jazz de l’EJMA. J’ai aussi mon club de tricoteuses, le chant... Un intervenant de Connaissance 3 affirmait que les seniors étaient l’avenir de la société. C’est vrai: à la retraite, on a au moins quinze ans devant nous, nom d’une pipe! Existons encore! Je ne suis donc pas que la jeune belle grand-mère d’une petite fille d’une année et demie, si chou d’ailleurs… 

Vous vous êtes préparée à cette nouvelle vie? 

Oui, mais j’ai surtout appris à l’accepter. J’ai cette chance: mon métier a toujours été important, mais ma vie privée et amoureuse, que j’ai toujours soignée, l’est encore plus…C’est mon socle ! Alors, évidemment, une fois à la retraite, je pouvais supporter beaucoup. Les enfants, leurs soucis et ma vie à deux! 

Vous ne vous marchez pas trop dessus avec votre compagnon?

On est heureux! Lui devant son ordi, moi au jardin, des amis communs, on se complète et on se marre bien. 

Y a-t-il eu des mauvaises surprises?

Franchement, je n’en vois pas trop… Il a fallu accepter que c’était et c’est un autre temps. Niveau financier, c’est vrai qu’on calcule encore, en espérant avoir choisi les meilleures solutions. En même temps, c’est maintenant qu’on vit ! On a suffisamment de moyens, c’est une chance, mais on ne sait pas jusqu’à quand on va vivre et, surtout, vivre bien. Un jour, on n’aura peut-être plus envie de partir en voiture dans le Sud… Reste qu’à 65 ans, on n’est pas des vieux trucs! Et pour l’instant, je vais bien. J’ai entendu une phrase de Bouddha, un peu à la noix, qui m’est restée en mémoire : « Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera.» Ne pas se prendre la tête, quoi. Pas mal, non? 

Plus de combat, alors? 

Si, bien sûr… La société aujourd’hui n’est pas simple, surtout pour les jeunes. Avec ce retour des extrémismes et des idées qui puent, c’est affreux… Mais j’ai confiance : ils vont faire avancer les choses! Je pense aussi à ce jugement à Strasbourg, pour le climat, un combat emmené par des femmes âgées... Ça donne la pêche, non? Moi, je vais me battre comme une folle pour le service public, j’aurai enfin le droit d’ouvrir ma bouche ! 

Qu’allez-vous nous raconter dans ce podcast? 

Le réd’ en chef de générations a voulu que je parle de moi, alors que j’ai toujours mis les gens en lumière. Pas facile! J’ai 65 ans et le sentiment d’être toujours la même. Il n’y a que physiquement qu’on devient flapi. Je vais donc raconter un peu ma vie et poser des questions à votre lectorat! J’adore le partage! J’espère qu’il répondra. 


Découvrir le podcast de Laurence Bisang: «La vieillesse, c’est pas pour les mauviettes»



Dans ce podcast, vous nous parlerez donc aussi de vos soucis?

Aucun frein, promis ! Que je tombe malade ou que je me révolte contre l’âgisme ambiant. Je pense à la radio, où le jeunisme commençait à régner en maître, comme partout du reste. Place aux jeunes! Je suis partie à 64 ans. Dès 59 ans, on nous demande gentiment de penser à notre départ... 

Comment vous voyez-vous à 70 ans?

C’est vite là! On se ratatine un peu, c’est physique. Je me regarde souvent dans le miroir et y vois ma mère. C’est comme ça. Ma grand-mère maternelle est morte à 70 ans et ma maman à 71. Un truc bizarre. Souci cardiaque pour la première et myélome pour la deuxième. Cela dit, j’ai des amis de 75 ans qui vont super bien ! Il y aura après les 80 ans… Je pense que je serai plus ralentie et ça m’ira très bien. Tu bouquines et tu t’endors ! (Rires.) 


C'est donc un début de retraite qui se passe bien? 

Oui, la grosse trouille que j’ai aujourd’hui, c’est la tête: ne plus savoir qui tu es, ni reconnaître les gens autour de toi. J’ai parfois envie de dire, je t’aime et t’aimerai toujours, tu sais, par précaution…J’ai perdu mon père de la maladie de Parkinson. Il avait plus ou moins sa tête, et moi, alors plus jeune, je rentrais en pleurant, je voulais qu’il parte… Ce n’était plus sa vie, lui, un si grand débatteur! Tout cela a duré une année et demie. Ma petite mère, elle, ne voulait plus faire de traitement et elle est partie trois mois après. Autant de questions à se poser avant, ça aide un peu… Mais aujourd’hui, je suis encore une jeune retraitée: j’ai au moins ça de jeune ! (Rires.)

A découvrir: «La retraite, jubilatoire? Vraiment?» - Le premier épisode du podcast de Bisang

 © DR [Épisode 1 - Podcast : La vieillesse, c’est pas pour les mauviettes]
 

 

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