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Opinion

Stratégie du patient ou devoir du médecin?

Ada Marra, Aumônière en formation - sam. 01/03/2025 - 10:53
Reprendre son souffle, la chronique d'Ada Marra.
Ada Marra (PS/VD) retraite politique reconversion aumônerie catholique hôpitaux
Au convivial Café de l'Europe, sous la gare de Lausanne, la socialiste témoigne de sa foi chrétienne. © Yves Leresche

C’est l’histoire d’une femme atteinte d’un cancer avancé. Qui gardait une foi inébranlable en Dieu et espérait guérir. C’était sa stratégie à elle: ne pas parler forcément de la gravité de la situation, mais de ce qui la maintenait dans l’espérance. 

C’est l’histoire d’un médecin qui trouvait que cette patiente n’avait pas suffisamment conscience de sa situation, sinon elle aurait accepté des soins palliatifs ou aurait évoqué sa mort au lieu de supporter ainsi la souffrance de ses traitements, disait-il.

Ainsi, il lui a provoqué un électrochoc en lui précisant que, comme le lui permettent les directives de réanimation, il ne la réanimerait pas forcément si, dans son parcours de maladie, un accident cardiovasculaire devait arriver.

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Ada Marra

Ce que cette femme a entendu, c’est qu’elle ne méritait pas de voir sa vie prolongée au vu de son état. S’en est suivi non seulement une rupture de confiance totale, mais également une accélération de la situation. Cette femme serait sûrement morte au bout d’un certain temps, mais c’est son espoir qui est mort en premier, et sa vie s’en est trouvée raccourcie puisque, trois semaines après, elle décédait.

Cela m’a jetée dans des affres d’incompréhension. D’abord, j’avais une autre perception de cette femme, car elle avait verbalisé devant moi qu’elle était mourante. Un∙e patient∙e ne raconte pas forcément les mêmes choses au médecin qu’à l’aumônier∙ère. 

Ensuite, de manière plus générale, cela interroge: un patient doit-il être prêt à mourir et doit-il absolument en donner une preuve, quelle qu’elle soit? N’a-t-il pas le DROIT de ne pas être prêt à mourir? Et, surtout, au nom de quoi le devoir du médecin est-il plus important que la stratégie du patient?

Nulle remise en cause du professionnalisme des équipes soignantes, qui se donnent corps et âme dans des conditions souvent difficiles, mais je me réjouis d’aller voir le film documentaire d’Alexe Poukine, Sauve qui peut, qui traite du dialogue entre soignant∙e∙s et patient∙e∙s.

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