Un kiosque à journaux? Facile, on en a tous un en tête, en mémoire du moins. Posté sur la rue, en attente du client, avec ses quotidiens et ses magazines qui débordent des rayons, ses chocolats enveloppés d’alu, son tabac et sa myriade d’objets plus ou moins poétiques déposés là par un gérant inventif… Le kiosque, ce lieu où l’on se croise, où l’on se sourit et se parle, où l’on s’informe surtout, évidemment. Remède à la fois contre la solitude et contre l’ignorance du monde.
Ella, Juan, Claudia, Dominique, Nicole et Michel – tous kiosquiers indépendants que nous avons rencontrés en Suisse romande – en témoignent avec tendresse. Ils sont là pour nous, pour vous, donnent le bonjour et réinventent coûte que coûte un quotidien qui, pour eux, n’a pourtant plus rien d’un film à la Amélie Poulain. Oui, ils le disent, ils le dénoncent, les ventes baissent, le tabac n’a plus la cote et les journaux, produits phares et historiques de leurs petits commerces de proximité, sont hélas en train de fondre sur leurs étals.
Faut-il pleurer? Bien sûr! Mais ce n’est pas un passé que l’on pleure: c’est un lieu unique de rendez-vous et de causeries essentielles à la vie des quartiers, un endroit d’accueil et d’entraide nécessaire à tous, qui risque aujourd’hui de disparaître sous nos yeux.
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Devant cette débâcle – entamée hélas depuis de longues années – un seul remède, somme toute, et toujours le même: vous!”
Faut-il lutter? Bien entendu! Plus encore que le kiosque, que le tabac, ce sont aujourd’hui les journaux qui risquent de disparaître, emportés par la même folie du rendement. Autrement dit, le cœur des citoyennes et des citoyens. Car, vous l’avez entendu ou lu, les rédactions sont encore plus à la peine, elles qui sont aujourd’hui menacées de se faire décimer, au gré de grands fauchages et annonces de coupes sèches tous azimuts. Sans journaux, sans médias, sans diversité, et donc sans informations de qualité, ce ne sont pas simplement les kiosques qui disparaîtront, ce ne sont pas simplement les rédactions qui fléchiront, c’est carrément la démocratie qui en pâtira. Mauvaise nouvelle pour toutes et tous.
Bien sûr, les médias tentent de se réinventer, partout, mais c’est dur. Crise conjoncturelle, crise structurelle, l’affaire n’est pas simple. La Confédération, elle, annonce dans son coin son intention de réduire de moitié l’aide indirecte à la presse pour… économiser. Las!
Devant cette débâcle – entamée hélas depuis de longues années –, un seul remède, somme toute, et toujours le même : vous! Oui, vous, en vous rendant au kiosque le matin, vous assurerez leur existence. Et en y achetant un journal ou un magazine plutôt que de surfer sur les réseaux en quête de seules distractions, en le prélevant dans votre boîte aux lettres le matin, vous assurerez la circulation sanguine de notre grand corps démocratique et pourrez en être fier. C’est pour cela que vous nous lisez aussi.
Alors, merci pour votre lecture, pour votre fidélité à générations, et longue vie aux kiosques, aux journaux et à l’information en général. Elle en a bien besoin aujourd'hui.