L’haletante série très reality show que diffusent en continu les États-Unis depuis le lancement de la campagne n’est pas finie, de loin: l’élection présidentielle américaine se déroulera le 5 novembre, soit dans deux mois et, d’ici là, chaînes et plateformes peuvent se réjouir. Le jour de l’élection, nous n’en serons toujours qu’à la première saison.
L’un des thèmes majeurs qui s’est imposé au peuple américain – et donc à l’audience planétaire – n’est lié ni à la santé, ni à l’immigration, ni même vraiment à la guerre mondiale que prédit, hélas, chacun des obus tirés sur la planète. Non, l’un des sujets qui a le plus cristallisé, et pour ainsi dire crispé, c’est la question centrale de l’âge du capitaine. Trump, 78 ans, Biden, 81 ans, et depuis quelques semaines Harris, 59 ans.
Car derrière l’inéluctable et universel affaiblissement du corps et de l’esprit que prédit le vieillissement – une usure que peu, selon l’âge avancé, oseraient remettre en cause aujourd’hui –, que cache cette dispute, sinon, sans le dire, un grand désordre mondial dans nos démocraties? Ouvrons donc les yeux: depuis de nombreuses années, nous assistons à une montée des gérontocraties dans le monde, incapables de représenter jeunes et nouvelles aspirations, celles-là mêmes qui assurent aux démocraties l’oxygène dont elles ont besoin et que la défiance face au pouvoir vieillissant raréfie.
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Ce qui inquiète franchement, c’est l’aveuglement des vieux leaders politiques et leur croyance en une jeunesse éternelle”
Ce qu’il faut fustiger donc, ce n’est évidemment pas l’âge en soi – qui reste une excellente nouvelle et une chance pour toutes et tous. Merci à l’allongement de l’espérance de vie et aux performances de la médecine qui profitent aujourd’hui et en particulier aux baby-boomers. Ce qui inquiète franchement, en revanche, c’est l’aveuglement des vieux leaders politiques et leur croyance en une jeunesse éternelle, qui célèbre, au mépris de la réalité, leur foi exclusive en eux-mêmes, ce qui signe généralement le début de la fin.
Biden dehors, reste donc Trump. Si le républicain est élu – for God’s sake, que le peuple américain nous en préserve –, il rejoindra le cercle des très vieux chefs d’État, avec Xi Jinping, 71 ans, Narendra Modi, 73 ans, Lula, 79 ans, et Poutine, 71 ans. Que du beau monde.
Ce n’est donc pas pécher par âgisme que de préférer aujourd’hui Kamala Harris. C’est faire le choix de faire taire le plus dangereux et le plus grossier des égotistes, que l’âge avançant, il est vrai, pourrait abâtardir encore davantage, et la planète avec. Gageons donc que la candidate démocrate puisse vaincre par la force de ses convictions et de sa vision, et par l’amour d’une liberté qu’elle a cultivé, elle, dès sa jeunesse. À ce titre, on se réjouit déjà de la deuxième saison.
Bonne lecture à toutes et tous!