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Opinion

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Isabelle Guisan, Journaliste - dim. 01/09/2024 - 09:16
Corps et âme, la chronique d'Isabelle Guisan.
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Reconnaître fleurs et plantes en montagne, un défi de chaque instant ou presque. © iStock

Ah, tous ces noms de plantes alpestres qui m’échappent… Beaucoup de noms de fleurs connues en plaine, présentes dans les jardins urbains, me résistent aussi. J’ai vécu une jolie victoire sur moi-même l’autre jour en proposant phlox et delphinium à une septuagénaire propriétaire d’un superbe jardin qui nous faisait visiter ses lieux. Elle avait un soudain trou de mémoire!  

En montagne, le défi est partout. On croise tant de plantes en marchant, tant de fleurs, au printemps, en été, en automne. On les frôle, on s’arrête pour les scruter, les commenter. J’ai pris part à d’innombrables balades savantes où des amis botanistes amateurs égrènent sans peine le nom compliqué des espèces observées. 

Dans mon enfance, grâce à une tante proche de la nature, j’avais retenu le beau nom de scabieuse. Il s’est enregistré, et avec lui une tendresse particulière pour cette fleur si commune en moyenne montagne.

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Le nom du troll m’échappe systématiquement, lui qui est si robuste”

Isabelle Guisan

Chaque printemps, je pianote sur internet, cherche le nom de la première petite fleur jaune qui pointe – ah oui, le tussilage. Et puis la soldanelle, violet discret. L’émerveillement de revoir les premières anémones pulsatiles tapies dans l’herbe sèche. Les soufrées, avec les touffes ébouriffées qui restent quand leurs pétales jaune délicat se sont fanés, envolés. Le nom du troll m’échappe systématiquement, lui qui est si robuste. Mais je retrouve la potentille. Le nom évoque la potence… et ça marche. 

Aucune envie de me doter d’une application dédiée, de la pointer sur les plantes et de marcher la tête rivée sur mon écran au risque de me tordre les pieds. Seule innovation cet été, un fichier dans mon téléphone mobile. La liste est modeste, dans le désordre, mais quand même: plantain, arnica, aster, alchémille, à ne pas confondre avec achillée, raiponce, linaigrette des marais, gentiane champêtre, centaurée, épervière. Je trouve que c’est pas mal pour un début. Il faudra juste qu’au printemps 2025 je me souvienne à quoi ressemblent les filles de la nature dotées de si beaux noms.

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