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Opinion

Mon mex à moi

Martina Chyba, Journaliste et chroniqueuse - dim. 01/09/2024 - 10:48
A cœur joie, la chronique de Martina Chyba.
A cœur joie, la chronique par Martina Chyba
Martina Chyba. © Jay Louvion / RTS

Au XXIe siècle, l’amour est devenu aussi compliqué que d’être journaliste, c’est dire. 

Avant, on avait un mec, on se séparait et on se retrouvait avec un ex. C’était… linéaire. Aujourd’hui, on a toujours un mec (ou une nana ou un/e non-binaire, on se comprend), on se sépare toujours, mais pas complètement. On n’est pas très sûr, l’ex peut encore servir, on ne veut pas qu’il refasse vraiment sa vie; pour les enfants, il faut continuer à faire famille, donc on entretient une sorte de flou. Il y a les séparés qui continuent à habiter dans le même logement; mais pour éviter de se croiser, certains construisent un mur au milieu. Ça valait bien la peine de faire tomber celui de Berlin pour en retrouver un dans son appart, hein, avec les enfants qu’on s’échange comme les prisonniers au milieu du pont… Il y a les séparés qui continuent à partir en vacances ensemble. Étrange, quand même, de vouloir passer les deux semaines les plus cools de l’année à côté d’une personne avec laquelle on n’a plus envie de vivre les 50 autres… Il y a les séparés qui prennent un studio, laissent les enfants dans le logement principal et s’en occupent à tour de rôle. C’est toujours un peu suspect de rester trop proches, non? On dit que si on reste amis, c’est soit qu’on est toujours amoureux, soit qu’on ne l’a jamais vraiment été. Mmmh… à méditer.

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C’est couillu de croire que les problèmes qui nous ont fait nous quitter ont simplement disparu”

Martina Chyba

Et puis il y a ceux qui se remettent ensemble. Regardez Ben Affleck et Jennifer Lopez: ils se sont aimés jeunes, quittés, retrouvés vingt ans plus tard, mariés en grand tralala avec cinq enfants dans le corbeillon, et là, deux ans après, il y a du drama, semblerait-il. J’ai envie de dire que c’était écrit. C’est couillu de croire que les problèmes qui nous ont fait nous quitter ont simplement disparu, pfuit, et que le conte de fées peut reprendre comme avant. Il était une fois… oui, mais pas deux! L’écrivain japonais Haruki Murakami dit que «le passé, c’est comme une assiette brisée, on peut tenter de recoller les morceaux, mais on ne pourra jamais lui rendre son aspect». Ma fille, elle, m’a cité une phrase plus contemporaine pour dire la même chose, en des termes nettement moins poétiques: «Il ne faut jamais ravaler son vomi.» 

J’en ris encore, avec des larmes aux yeux. Vous pouvez me passer un (Kleen)ex?

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