Le prix d’une vie
Octobre, c’est le mois où nos pulsations s’affolent avec l’annonce, ritualisée désormais, de la hausse des primes maladie. Le mois où l’on parle coûts de la santé et financement des soins: DGR, TARPSY, ST Reha, Tarmed, Tardoc, forfaits, cost weight… Des termes et acronymes à y perdre son latin, voire sa santé.
Le mois où on discute de qui coûte (le patient chronique, les personnes âgées? les hôpitaux?), de qui finance (les assurés, les assurances, les pouvoirs publics?), de comment on finance (à l’acte, au forfait, pour quel acte?). Permettez-moi de partager deux conséquences de ces discussions saisonnières: l’effet sur le terrain et celui sur les malades.
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Cette discussion sur les coûts peut avoir un effet pervers sur les patient.e.s en les culpabilisant”
Sur le terrain, on se retrouve parfois avec des financements mixtes dans nos hôpitaux. Créant des inégalités de traitement, puisque certaines catégories de patient·e·s se verront offrir, bien malgré eux, plus souvent certaines prestations dont ils n’auraient pas forcément besoin, mais qui permettront à l’établissement d’être financé, tandis que d’autres catégories de patient·e·s se verront, malgré eux, offrir moins souvent ces mêmes prestations, alors qu’ils en auraient peut-être plus besoin. Je pense par exemple aux prestations des physios, des ergos, des psys, aux accompagnants spirituels. Qui assistent malgré eux à cette situation.
Quant aux patient.e.s, cette discussion sur les coûts peut avoir un effet pervers en les culpabilisant. Il est bien sûr légitime de se poser la question que l’on peut résumer abruptement par un «la vie oui, mais à quel prix?». Et il y a différentes raisons de vouloir arrêter des soins, comme estimer que l’on a assez vécu, que l’on a déjà tout dit aux proches et penser que l’on n’a plus rien à amener à notre société. On se retrouve alors face à la décision de ne pas/plus souhaiter la vie à tout prix. À mon sens, c’est plus problématique lorsque ce désir de personnes âgées est dû à la culpabilité de coûter trop cher. À celles-ci et à ceux-là, j’aime à rappeler ce qu’ils ont apporté à nos sociétés: avoir élevé des enfants et petits-enfants, avoir travaillé et contribué à notre prospérité, avoir chanté, créé, réfléchi pour développer notre culture. Et que leur vie n’a jamais été à crédit.