publicité
Opinion

Faut-il taxer les cyclistes pour financer leurs pistes?

Frédéric Rein, Journaliste - mer. 01/01/2025 - 05:03
L’Office fédéral des routes (OFROU) a émis la possibilité de faire passer à la caisse les amateurs de vélo pour créer les aménagements qui leur seront dédiés. Une mesure qui ne plaît vraiment pas à tout le monde.
taxe pistes cyclables débat Suisse
Les cyclistes doivent-ils passer à la caisse pour financer les pistes qu'ils utilisent? © iStock

 Le débat politique de générations du mois de janvier 2025.

publicité

Une vignette annuelle serait adaptée”

Xavier de Haller
Président de l’Automobile Club de Suisse (ACS) Vaud et membre PLR du Grand Conseil vaudois

Pourquoi faudrait-il faire payer les infrastructures cyclistes à leurs utilisateurs, selon le principe de l’utilisateur-payeur?
Xavier de Haller (POUR): Le vélo tend à être un mode de transport à part entière. Les cyclistes réclament et obtiennent de plus en plus d’aménagements qui leur sont dédiés. Cette politique se justifie par la séparation des modes de transport pour des questions de sécurité. De fait, il apparaît logique et équitable que les cyclistes participent également au financement de ces infrastructures. Les projets routiers emportent désormais systématiquement des postes de plusieurs centaines de milliers de francs pour les aménagements cyclables. 

Ne faudrait-il pas plutôt encourager les cyclistes, qui contribuent à la transition énergétique?
Ils sont déjà encouragés à l’achat de leur vélo électrique, certaines communes accordant des subventions pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers de francs. Encourager le report modal n’implique pas que les cyclistes ne doivent pas participer au financement des infrastructures.  

Vos opposants évoquent notamment le fait que les cyclistes ont «15% d’arrêt maladie en moins au travail», selon une étude française. Ce n’est pas un argument recevable?
Pour autant que cette étude soit confirmée, il n’en demeure pas moins que les cyclistes utilisent des infrastructures dont les coûts sont en constante augmentation. L’égalité de traitement justifie qu’ils participent aussi à leur financement.

Quelle forme la taxation devrait-elle prendre: une vignette, un montant annuel, voire un supplément à l’achat d’un vélo?
Une vignette annuelle serait adaptée et facile à mettre en œuvre. Ce système est déjà en place pour les voitures et il a déjà été utilisé par le passé pour les vélos. En outre, il n’est pas dissuasif.

Quel montant cela devrait représenter?
Quelques dizaines de francs par vélo me semble être un montant adapté, car cela demeure abordable pour toutes et tous les utilisateurs. Une exonération pour les jeunes de moins de 16 ans pourrait également être envisagée.

Le vélo est une solution, pas un problème”

Delphine Klopfenstein Broggini
Présidente de Pro Velo Suisse, les verts (GE)

Pourquoi le simple fait d’envisager une taxe pour les cyclistes est pour vous impensable?
Delphine Klopfenstein Broggini (CONTRE): Le vélo est une solution, pas un problème. Les cyclistes réduisent les coûts de l’ensemble de la population liés à la mobilité, comme les frais de santé, les nuisances sonores ou la pollution. Il s’agit d’un gain de 760 millions de francs par an pour la collectivité. Taxer une mobilité qui allège le budget de la Confédération et améliore la qualité de vie est un contresens. Les cyclistes rapportent plus qu’ils ne coûtent. Par ailleurs, faire payer les enfants, et donc les familles, pour les vélos est une aberration. La prochaine fois, s’agira-t-il de taxer les piétons?

Les automobilistes paient bien l’utilisation des autoroutes par le biais de la vignette, non?
Le principe du pollueur-payeur est clair: les automobilistes génèrent des coûts élevés pour l’environnement et les infrastructures, estimés par l’Office fédéral des routes à près de 20 milliards de francs par an, et assumés par l’ensemble de la collectivité.

Il incombe donc à tous les contribuables de mettre la main au porte-monnaie pour les vélos?
Le coût des routes est assumé par l’ensemble de la population, aussi via l’impôt. Il suffit de voir que les 5 milliards de francs sur lesquels nous avons voté en novembre dernier concernaient quelques tronçons autoroutiers uniquement, mais que le coût était suffisamment énorme pour vider d’un coup le fonds FORTA, alimenté par l’impôt sur les huiles minérales et la vignette auto. 

On semble toujours revenir à cette opposition entre automobilistes et cyclistes…
La majorité des automobilistes ont au moins un vélo à la maison et sont aussi des piétons. C’est une erreur de les opposer. Il s’agit surtout de mieux partager l’espace public. Toutes les personnes qui ne peuvent pas se passer de leur voiture pour des raisons de desserte ou de transport professionnel devraient se réjouir du développement des mobilités actives. Plus de vélos, c’est moins de voitures, donc moins de bouchons et une meilleure qualité de vie pour tous.

En lecture
Faut-il taxer les cyclistes pour financer leurs pistes?
publicité