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Opinion

Faut-il autoriser l’utilisation de la capsule d’assistance au suicide?

Frédéric Rein, Journaliste - dim. 01/09/2024 - 10:03
Baptisée «Sarco» (pour sarcophage), une capsule australo-hollandaise permet à une personne de se suicider sans accompagnement. Une fois à l’intérieur, il suffit d’appuyer sur un bouton qui libère de l’azote pour passer de vie à trépas. Un procédé très controversé.
Suicide assisté Exit capsule gaz azote Sarco Suisse polémique
Le projet de suicide "assisté" au moyen d'une capsule Sarco fait débat en Suisse. (Image prétexte) © iStock

 Le débat politique de générations du mois de septembre 2024.

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L’utilisation de Sarco repose sur l’autodétermination de chacun”

Suicide assisté Exit capsule gaz azote Sarco Suisse polémique
Florian Willet
Coprésident de The Last Resort, organisme chargé de l’utilisation de la capsule Sarco

Quels sont les avantages de la capsule Sarco en matière d’assistance au suicide?
Florian Willet (POUR): Notre appareil augmente l’éventail des offres et permet ainsi à toute personne de s’autodéterminer. Avec Sarco, chacun est libre de choisir de respirer paisiblement de l’air sans oxygène jusqu’à perdre conscience, et ce sans craindre des vomissements, une suffocation ou une inflammation des tissus. Il existe malheureusement une grande misère autour des tentatives de suicide solitaires et des actes impulsifs qui y conduisent. Cela dit, nous n’allons pas démarcher les millions de Suisses que cela n’intéresse pas. Nous comptons sur le bouche-à-oreille et serions aussi heureux si les centres de compétence mentionnaient Sarco. 

Comment expliquer les oppositions, notamment par rapport à l’absence de cadre médical?
Nous pensons que les citoyens suisses sont peu enclins à ce qu’on s’immisce dans leur vie privée et qu’ils préfèrent donc nettement l’autodétermination. Le moralisme existe toutefois aussi en Suisse, notamment via les autorités, mais il s’oppose à l’empathie. S’agissant du recours à un médecin, il est évidemment possible, mais pas obligatoire. 

Ne craignez-vous pas des dérives, comme le fait de laisser des individus mourir sans être accompagnées ou agir sur un coup de tête?
Avec notre aide au suicide, les personnes décident elles-mêmes comment elles souhaitent mourir. En outre, la capsule Sarco n’est pas propice aux actes impulsifs, car elle est beaucoup moins accessible qu’un couteau de cuisine, que la clé d’un véhicule à moteur ou que des médicaments.

Combien coûte le recours à Sarco?
On peut utiliser Sarco gratuitement, seuls les coûts auxiliaires liés à la consommation d’azote peuvent être facturés à hauteur d’environ 18 francs.

Ce procédé fait fi de l’encadrement médical”

Suicide assisté Exit capsule gaz azote Sarco Suisse polémique
Jean-Jacques Bise
Coprésident d’Exit Suisse romande

La capsule Sarco va-t-elle révolutionner l’assistance au suicide en Suisse?
Jean-Jacques Bise (CONTRE): Toutes les associations d’aide à mourir dans la dignité, comme Exit et Dignitas, y sont opposées. Parce que ce procédé fait fi de l’encadrement médical; nous nous sommes en effet toutes imposé le respect des critères de l’Académie suisse des sciences médicales, notamment par le biais du dépôt d’un dossier médical accepté par un médecin de l’association et d’une attestation de capacité de discernement. Par ailleurs, la personne qui se trouve dans cette capsule est coupée des proches qui l’entourent lors de son accompagnement. 

Mais Sarco ouvre un nouveau champ de discussion…
Elle pose la question de l’assistance au suicide non encadrée médicalement, et donc d’une utilisation par des personnes pas nécessairement malades. Pour que nos associations puissent possiblement un jour aider une personne à mourir sans que cette dernière justifie sa demande par un état de souffrance extrême, un débat sociétal devra être mené. Cela serait toutefois actuellement juridiquement envisageable, dans la mesure où l’article 115 du Code pénal, unique disposition légale sur les assistances au suicide, mentionne que seule la personne qui incite une autre au suicide ou lui prête assistance pour un mobile égoïste est punissable. 

Y voyez-vous toutefois des avantages?
Lors de nos assistances, nous utilisons du pentobarbital de sodium, un barbiturique qui permet de s’endormir paisiblement en quelques minutes. Pourquoi abandonner ce moyen afin d’utiliser un procédé qui n’amène rien de plus et surtout empêche la personne qui a choisi de mourir dignement de le faire entourée des siens?

Parleriez-vous de procédé inhumain?
Pas du tout. Si son utilisation n’est pas concevable dans le cadre des activités de nos associations, à titre personnel, je pense que c’est toujours mieux que de sauter d’un pont ou que de se jeter sous un train.

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