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Opinion

Des berceuses, vite!

Blaise Willa, Directeur de publication et rédacteur en chef - dim. 01/12/2024 - 11:05
L'éditorial du magazine «générations» du mois de décembre 2024, par Blaise Willa.
Le son de la musique et des berceuses, rien de tel pour plonger en soi-même et reprendre souffle...
Le son de la musique et des berceuses, rien de tel pour plonger en soi-même et reprendre souffle... © IStock

Apaisement! Oui, nous rêvons toutes et tous d’apaisement en cette fin 2024, qui s’est révélée être une année encore plus chaotique et plus sinistre que la précédente. Guerres, hécatombes et victimes, évidemment, associées à l’outrance généralisée que Trump et ses clones imposent à nouveau à la planète, au mépris de nos démocraties vivantes. Ce bruit du monde, nourri de toutes nos petites querelles et de nos tensions, nous isole, nous fatigue, nous angoisse et finit de nous assourdir. Que faire? On en est là en ce mois de décembre et, dans quelques jours, ce sera quand même Noël.  

Comment, dès lors, s’il ne vient pas à nous, faire entrer un peu de cet apaisement… en nous? Comment retrouver suffisamment d’innocence et de réconfort pour que nous puissions nous échapper au monde un instant? C’est le génial concert d’un collectif de huit femmes artistes et musiciennes, Berceuses*, qui est venu glisser sa réponse, le mois dernier, lors de sa tournée en Suisse romande. Les berceuses, vous vous souvenez: chanter de telle manière que le nouveau-né s’endorme, paisible, rassuré par la régularité des rythmes, l’alternance des notes, sur lesquelles se calquent in fine le rythme cardiaque et la fréquence respiratoire de l’enfant assoupi. Nos Berceuses, c’étaient avec leurs instruments et toutes leurs voix qu’elles ont caressé puis envoûté les spectateurs et spectatrices qui, visiblement, respiraient différemment à la sortie des théâtres. La musique se libère du bruit et dénoue les âmes. Ce soir-là, le miracle a eu lieu.

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Le premier pas ne serait-il pas déjà de faire silence pour s’écouter un peu? Puis de se laisser glisser quelques instants dans sa bulle d’antan et de respirer?”

Blaise Willa
Blaise Willa

Et nous, dans tout ça? Pas facile, je sais, de se calquer sur les Berceuses en invoquant les chants qui sont en nous, mais si profondément enfouis qu’on peine à les entendre. Le premier pas ne serait-il pas déjà de faire silence pour s’écouter un peu? Puis de se laisser glisser quelques instants dans sa bulle d’antan et de respirer? Profondément, longuement, les yeux fermés. Des images et des rythmes d’autrefois, alors, ne devraient pas tarder à résonner, comme une berceuse doucement susurrée à l’oreille, qui viendrait empêcher le fracas et les terreurs du jour.

Une berceuse sous le sapin, c’est peu, je sais, comme cadeau de Noël. Si candide, aussi. Mais c’est énorme si on parvient à l’entendre. Car ce moment précieux permettra de repartir ragaillardi pour affronter les temps qui s’ouvrent, temps qu’on espère meilleurs de tout notre cœur pour chacun et chacune. 

Bon mois de décembre et, surtout, Joyeux Noël! Et merci pour votre fidélité.

* Berceuses, Humus Records

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