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Opinion

Dans le vif du sujet

Isabelle Guisan, Journaliste - lun. 01/07/2024 - 09:16
Corps et âme, la chronique d'Isabelle Guisan.
EPHAD EMS visite politique assistance grand âge fin de vie
Ne serait-ce pas indispensable de palper la réalité des EMS avant de prendre des décisions qui définissent l’encadrement de tant de fins de vie? © iStock

Un maire français qui s’immerge trois semaines durant dans un EHPAD, l’équivalent français de nos EMS romands. Il s’agit d’une initiation en blouse de travail, rien à voir avec des visites à un proche. Le maire de Grenoble, Éric Piolle, a témoigné sur un site français intitulé Agevillagepro de ces moments vécus. Il relève bien sûr – on n’est pas maire pour rien – le dévouement du personnel et la diversité des situations des résidents. Il nous apprend que tout au long de ces 125 heures de présence, il a pris beaucoup de notes. Mais pas un mot sur les changements qu’il souhaite maintenant apporter dans le fonctionnement des EHPAD à Grenoble. Dommage. Ce serait intéressant de savoir ce qui a peut-être changé dans sa tête. 

Comment le responsable d’une grande collectivité réfléchit après une expérience que nos édiles romands, locaux et régionaux, pourraient souhaiter vivre aussi. Assister à une toilette matinale puis la faire soi-même, aider un résident à manger et à aller aux toilettes. Supporter les odeurs, apprivoiser le dégoût, se faire aux cris, regarder en face la maltraitance présente en tous sens, mais capter aussi les moments de partage et de grande tendresse. Prendre en compte l’engagement du personnel, entrer dans la complexité d’un lieu où l’existence s’invente chaque jour, malgré les limites et la fin proche. Ne serait-ce pas indispensable de palper cette réalité avant de prendre des décisions qui définissent l’encadrement de tant de fins de vie?

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Rares sont celles et ceux qui côtoient de près la grande vieillesse dépendante”

Isabelle Guisan

Nous sommes toutes et tous allés à l’école, mais rares sont celles et ceux qui côtoient de près la grande vieillesse dépendante avant d’y être contraintes et contraints. La plupart de nos responsables politiques ont moins de 60 ans et ne pénètrent dans des EMS qu’en visite. 

La première étape, minimale, d’un changement d’attitude indispensable pourrait consister à introduire davantage de considération dans le langage administratif. Ne plus parler de «lits en EMS» alors qu’il s’agit du dernier domicile de citoyens et citoyennes. Et préférer le terme respectueux d’«accompagnement» à l’expression, si lourdement connotée, de «prise en charge».

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