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Opinion

Combien d’étés?

Marlyse Tschui, Journaliste - lun. 01/07/2024 - 11:30
Les petits écrans, la chronique de Marlyse Tschui.
Marlyse Tschui chronique petits ecrans
Marlyse Tschui... débarrassée de ses lunettes.  © Sandra Culand

Mon téléphone bipe. Une amie m’envoie une image de moi à 27 ans, les yeux face à la caméra, avec ce seul commentaire: «Jeune et belle.» Je l’ai remerciée d’un smiley en signant: «Vieille et moche.» Elle m’a répondu: «Au moins, on est encore là!» Oui, on est encore là. Et, parfois, ça fait tout drôle. 

C’est un bonheur fragile et précieux. L’affection que je ressens pour mes amies et amis perdure pour certains depuis plus d’un demi-siècle. Combien d’étés nous reste-t-il à savourer, à rire ensemble au soleil? Cette question me rappelle le titre magnifique choisi par l’éditeur Robert Laffont pour son livre testament: Léger étonnement avant le saut. Mon étonnement à moi n’en finit pas, d’avoir encore les pieds sur terre.

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On essaie de rester branché en attendant d’être débranché”

Marlyse Tschui

Récemment, les chaînes de télévision ont rendu hommage à des figures marquantes de l’histoire de la télévision. Décès de Claude Torracinta, le créateur de Temps présent, émission où j’occupais entre 1969 et 1971 le poste modeste d’assistante de production. Plus tard, il a eu la gentillesse d’être mon parrain de stage alors que je faisais mes débuts dans le journalisme. En mai également, c’est Bernard Pivot qui faisait le grand saut. Pivot, dont je n’aurais raté pour rien au monde son émission Apostrophes et ses fameuses dictées. Me reviennent alors, plus lointaines, les belles rencontres musicales vécues à Paris sur le plateau du Grand Échiquier de Jacques Chancel. Un fin nuage de tristesse passe au-dessus de ma tête.

Alors que ces personnalités ne jouaient qu’un rôle marginal dans ma vie, je constate que j’avais tissé avec elles des liens invisibles, sans même en être consciente. Pourquoi me semblent-elles irremplaçables? J’ai pourtant découvert de nouvelles émissions de qualité. Merci la télévision. Merci aussi à internet, cet outil fabuleux qui me permet d’explorer le monde, de m’amuser et (souvent!) de combler mes trous de mémoire. Alors, oui, on vieillit. Mais on est encore là, on essaie de rester branché en attendant d’être débranché. Et comme on a beaucoup vieilli, on se donne même le droit de faire des jeux de mots douteux qui ne font rire que soi. LOL.

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