Abricot et robinet
«En regardant des archives sur l’éducation sexuelle dans les années 70, je me dis: mmmh, les choses ont bien changé. Dans ces années-là, une dame nous expliquait la différence entre une fille et un garçon avec des petits dessins au tableau noir, je me rappelle exactement les mots: «La petite fille a une sorte d’abricot et le garçon un petit robinet.» Il y avait une autre image qui montrait que, pour faire des bébés, «l’homme introduit son pénis à l’intérieur de la femme». J’avais 12 ans et je me disais que cela devait faire horriblement mal. Il va sans dire qu’il n’était pas question de demander des précisions sur le dossier à mes parents.
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Tu te calmes, s’il te plaît, on va réviser ensemble les fondamentaux”
Ensuite, il y a eu la période où on en parlait plus librement, mais avec plein de moments gênants, quand votre enfant vous demande à table «pourquoi mon zizi il monte?» ou «est-ce que vous faites l’amour avec papa?». Une fois, j’étais accompagnatrice lors d’une sortie scolaire, les enfants avaient 12 ans et un gamin a traversé le wagon en hurlant « Martina, Martina, hein dis que rouler une pelle ça veut dire se sucer la quiquette?» Tête des passagers. Et moi: «Tu te calmes, s’il te plaît, on va réviser ensemble les fondamentaux, non, ce n’est pas exactement comme tu dis.»
Aujourd’hui, tout a changé; ce sont bientôt les enfants qui nous éduquent sur ces questions. L’enseignant n’a pas intérêt à mélanger genre et sexe. On peut avoir un robinet et se définir comme fille, par exemple. Dans une réunion de famille, il a fallu expliquer à un vieil oncle ce que c’était être pansexuel. En résumé, aimer n’importe quelle personne peu importe son sexe et son genre. Il a dit: «Ah, mais c’est être bisexuel.» Non! Un bisexuel aime les femmes et les hommes, un pansexuel peut aimer un homme, une femme, un trans ou un non-binaire. «Ah, et c’est quoi un non-binaire?» C’est quelqu’un qui ne se reconnaît ni dans le genre féminin, ni dans le genre masculin. «Ah, mais il se reconnaît dans quoi alors?» Voyez. Après, il a fallu expliquer que l’on peut être cisgenre, c’est-à-dire en accord avec le sexe de naissance et homosexuel ou bisexuel ou pansexuel. Là, on l’a perdu, et on a servi le fromage.