Aux JO, les «vieux» athlètes font de la résistance
C’est une réalité physiologique et maintes fois prouvées scientifiquement: le pic des performances d’un être humain se situe entre 20 et 30 ans. Normal donc que les trois quarts des 10'500 athlètes participants aux Jeux olympiques (JO) de Paris aient moins de 30 ans. Et que les plus de 40 ans ne soient pas plus de 2%.
Mais selon les disciplines, l’âge n’est pas autant un handicap. Les doyennes des JO 2024 sont l’Australienne Mary Hanna, 69 ans, la Canadienne Jill Irving, 61 ans et l’Américaine Laura Kraut 58 ans et elles concourent toutes les trois en équitation, (elles ont eu plus de temps pour apprendre à murmurer les bons mots à l’oreille de leur cheval!)
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Dépasser les limites
La rencontre olympique parisienne de cette année montre que les limites physiologiques humaines dues à l’âge sont dépassables aussi dans des disciplines de vitesse où le rythme cardiaque est mis à rude épreuve.
Ainsi, Florent Manaudou, 33 ans, qui vient de remporter une médaille de bronze en 50 mètres nage libre. Et qui en a gagné une seconde - de bronze aussi - en relais 4 X 100 mètres 4 nages. Interviewé au sortir du bassin de la course par équipe, il n’a pas manqué d’évoquer son âge. Se plaignant d’avoir mal aux jambes et un urgent besoin de s’asseoir (après 30 ans, l’acide lactique dans les muscles s’élimine moins vite). L’entendre revendiquer sa place d’ «ancêtre» parmi les vingtenaires (Léon Marchand, Yohann Ndoye-Brouard et Maxime Grousset) qui l’entouraient était touchant.
Autre «senior» des JO, le judoka Teddy Riner, 35 ans, qui vient de remporter deux médailles d’or, dans les +100 kg en individuel, et en équipe mixte. Lui aussi repousse les limites de ce que son corps, qui subit un entraînement de haut niveau depuis vingt ans et est perclus d’arthrose (c’est l’intéressé qui l’affirme), peut supporter. Mais sa maturité lui a conféré un atout de taille: il a su garder son calme lorsqu’en quart de finale, le Géorgien Guram Tushishvili n’ayant pas accepté d’être battu, l’a provoqué et a tenté de le frapper.
Que dire enfin du lutteur cubain Mijain Lopez, qui aura 42 ans en août? Il est devenu le 6 août le premier athlète à être sacré cinq fois de rang dans la même épreuve olympique (en l'occurrence la lute gréco-romaine en moins de 130 kilos). Avant de mettre ses chaussures au milieu du tapis, signifiant ainsi comme le veut la tradition dans cette discipline, qu'il mettait un terme à sa carrière sportive.
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C’est aussi l’expérience de l’âge qui a permis à Novak Djokovic de remporter la médaille d’or en simple messieurs et devenir ainsi, à presque 37 ans, le plus vieux numéro un mondial du tennis. Pour gagner, il a expliqué y avoir mis son cœur, son corps, mais aussi son âme: il s’est servi de ses trois tentatives passées (Djokovic a en effet échoué trois fois aux JO avant cette victoire de 2024).
Ces JO ont aussi valorisé la persévérance des «vieux» athlètes qui ne raccrochent pas leurs gants, malgré l’âge de leurs artères. La délégation française avait choisi comme porte-drapeau le même Florent Manaudou, mais aussi la lanceuse de disque Mélina Robert-Michon, 44 ans, qui est venue disputer ses septièmes JO. Vive la longévité!