Moustique tigre et compagnie, la grande invasion
C’est au camping de Vidy, sur les bords lausannois du Léman, que le spécialiste des insectes nous a donné rendez-vous. Un camping? «Oui, s’amuse l'entomologiste Daniel Cherix. C’est le lieu idéal pour piéger et recenser le moustique tigre. Ce moustique vole mal et son rayon d’action n’est que de 150 mètres. Alors il profite des voyages humains pour se déplacer en voiture. Une fois arrivé sur place, il repère les points d’eau stagnante pour y déposer ses œufs.»
Daniel Cherix se rend au camping tous les quinze jours pour y disposer des pièges: «Ce sont des bocaux qui contiennent un peu d’eau, ainsi qu’un petit bâton sur lequel le moustique pondra ses œufs. Les bâtonnets sont ensuite envoyés pour analyse au Tessin, lieu de collecte des informations en provenance de toute la Suisse.» La guerre contre le moustique tigre, gérée par l’Institut tropical de Bâle, a bel et bien été déclarée au niveau national. Et c’est notamment grâce à ce travail de fourmi effectué dans les campings helvétiques qu’il est possible de répertorier et d’espérer limiter la population de la dangereuse bestiole.
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Éviter la contamination
Responsable de la stratégie dans le canton de Vaud, l’entomologiste explique qu’il y va de notre santé à tous: «Le moustique tigre peut transmettre des maladies graves pour lesquelles il n’existe aucun vaccin, comme la dengue, le chikungunya et le zika. Des cas de dengue ont été signalés en Europe. Le problème, c’est que les gens voyagent beaucoup et peuvent ramener ces maladies de l’étranger tout en étant asymptomatiques. Le but de la Confédération est de maintenir la population du moustique tigre suffisamment basse pour écarter les risques de contamination.» L’alerte est générale, la mobilisation aussi. Rien qu’entre 2000 et 2019, le nombre de cas de dengue recensés à l’échelle mondiale est passé de 500 000 à 5,2 millions!
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À chacun de participer
En tant que simple citoyen, chacun peut lutter efficacement contre le moustique tigre. Sur le balcon ou au jardin, il faut éviter l’eau stagnante dans les coupelles qui se trouvent sous les pots des plantes. Soit en les vidant régulièrement, soit en y mettant du sable pour que l’eau ne déborde pas. Même précaution avec l’arrosoir, qu’il faut vider et retourner après l’avoir utilisé. Les personnes qui découvrent un moustique tigre sont priées de le photographier et d’envoyer la photo à www.moustiques-suisse.ch.
Les laboratoires sont également mis à contribution, observe Daniel Cherix: «Des essais se déroulent actuellement à titre expérimental. Il s’agit d’élever des moustiques mâles, de les irradier pour les rendre stériles, puis de les relâcher pour qu’ils s’accouplent avec des femelles. Cela devrait limiter la prolifération de l’espèce, sans avoir d’effets néfastes sur l’environnement comme ce serait le cas avec des insecticides.»
Le moustique tigre
Le moustique tigre peut transmettre des maladies graves pour lesquelles il n’existe aucun vaccin, comme la dengue, le chikungunya et le zika.
Le frelon asiatique
Dès la mi-août, ce prédateur attaque les ruches pour en dévorer les abeilles. En tuant aussi les abeilles sauvages responsables de la pollinisation, il affaiblit les espèces végétales. L’élimination des nids situés en haut des arbres nécessite le port d’une combinaison spéciale. Pour trouver les nids, une technique consiste à attraper des frelons et à les équiper d’un minuscule émetteur pour pouvoir les suivre et géolocaliser les nids.
Le scarabée japonais
Arrivé au Tessin en 2017, ce petit coléoptère a franchi les Alpes. Depuis l’an dernier, le Valais craint pour son agriculture, ses vignes et ses arbres fruitiers. En effet, à partir de la mi-juin, le scarabée japonais sort de terre et dévore tous les végétaux qu’il trouve sur son passage. Seuls des pièges permettent de l'éliminer.
Les deux Bâle prennent des mesures
Confrontés à la multiplication de scarabées japonais sur leur territoire, les demis cantons de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne ont tondu et bâché des surfaces entières dans le but de détruire les chrysalides et d'éliminer les adultes en les empêchant de s'envoler.