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Loisirs

Martina Chyba: «J’ai testé pour vous... le tri des vêtements»

Martina Chyba, Journaliste et chroniqueuse - mar. 01/10/2024 - 10:34
C'est un défi auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre: trier ses habits pour faire de la place dans ses armoires. Beaucoup renoncent, mais pas notre intrépide reporter Martina Chyba!
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Martina Chyba devant l'Everest que constitue le tri des habits. © DR

Depuis le Covid, je fais un petit rejet des grands magasins et surtout des cabines d’essayage (dans lesquelles on n’a pas envie de pendre que les vêtements, mais aussi soi-même quand on se voit), donc j’achète moins de fringues. Mais arrive ce jour où vous vous retrouvez devant votre armoire (bien) pleine et où vous vous dites: «Je suis moche et je n’ai rien à me mettre.» À partir de là, deux solutions: prendre un Valium et, perdu pour perdu, un pot de glace espresso croquant devant une série débile, ou alors prendre son courage à deux mains et trier son dressing.

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Enfin, dressing… on se comprend. Une penderie et six étagères. Avec des piles doubles, des machins chiffonnés dans le fond, trois ou quatre vêtements empilés sur chaque cintre, des vieux sacs à main en vrac, des chaussures les unes sur les autres en bas, sans oublier des rangements Ikea à 2 francs poussés sous le lit. Et moi en vieux training avec un sac poubelle de 110 litres à la main, en train de me répéter: «Cette fois, c’est décidé, tout ce qui n’a pas été porté depuis un an, ça dégage.» 

J’essaie, d’habitude, d’appliquer le principe suivant: «Quand il y a un nouveau truc qui rentre, il y en a un qui sort.» Pareil que pour les mecs, en fait. Haha, mais nan, je rigole. Bon, à part ça, c’est vrai hein, je n’ai qu’un mec à la fois. Alors que j’ai des tas de vestes. Bon, allez, j’arrête de dire n’importe quoi et on attaque. Une copine pro du vide-dressing m’a dit: «Tu sors tout sur le lit, tu verras, ça fait un choc quand tu vois le tas.» Je sors tout sur le lit et je confirme: ça fait un choc. On dirait l’étage deuxième main du Centre social protestant. Je vais faire trois piles: ce que je ne veux plus, ce que je veux et ce que je ne sais pas si je veux ou pas. 

Par exemple, le bikini, je ne le mettrai plus, il n’est plus rempli là où il faudrait et trop rempli là où il ne faudrait pas, je découvre un short avec encore l’étiquette dessus, je comprends vite pourquoi, je ne rentre pas dedans donc, hop, au compost! Le sac de 110 litres se remplit avec ce qui est moche, abîmé, trop petit, etc. Mais, à un moment donné, avec certaines pièces, ça coince.

Le t-shirt Polnareff, ok, je ne le mets que pour les concerts et il n’y en aura plus beaucoup, mais over my dead body, personne ne me l’enlèvera, c’est un doudou. Cette veste, je ne l’ai pas portée cette année… mais elle était chère. Et celle-ci, militaire, je ne la porte pas, mais je la trouve hyper belle, je m’étais juré que cette fois elle y passait, mais je n’ai pas pu et, en «scred», je l’ai gardée. Les pantalons, c’est un désastre: pourquoi j’en ai autant, alors que j’en porte environ trois? Oui mais, les slims, vous savez, les jeans moulants qui étaient complètement ringards ces dernières années? Eh bien on nous annonce un retour! Alors je les plie et je les mets derrière, on ne sait jamais. Il y a un pantalon large neuf, il me serre, mais je vais perdre un peu, n’est-ce pas (dit-elle depuis cinq ans), et après il sera canon (et moi aussi, bien sûr). Hem… rien n’est moins sûr précisément, mais on le garde encore un an, il faut laisser sa chance au produit. Les robes, euh… vous m’avez souvent vue en robe? Départ, trois partent dans le sac.

Je me rends compte que j’ai beaucoup de vestes similaires, dont deux en zèbre. Mais la première est courte et l’autre est un manteau acheté 59,90 francs chez C&A il y a trente ans, et je l’aime d’amour donc, bon, les deux restent. Et je fais comme si je n’avais pas vu le rayon «affaires de sport», dont je m’occuperai une autre fois. Je n’en peux plus. En plus, il faut maintenant tout re-ranger. 

Il faut aussi ranger un peu dans sa tête. Je vois passer sur mon téléphone la veste de mes rêves chez une marque que j’adore: veste d’officier gris foncé un peu jeans et très classe. Prix: plus de 400 francs. Hem… je me pose de nouvelles questions: en ai-je besoin? La porterai-je plus de dix fois? Me plaira-t-elle dans cinq ans? Puis-je me permettre de dépenser cela maintenant? Que pourrais-je faire d’autre avec ces sous? C’est super, ça calme. Et je préfère offrir une nuit en montagne dans un petit hôtel isolé à mon amoureux. Les souvenirs prennent moins de place dans les armoires, mais plus dans les cœurs. On ira en vieux training, et ce sera tellement bien.

Je propose de faire trois tas de manière très objective”

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Aline Mettan
Conseillère en image

«Quand on a l’impression de n’avoir plus rien à se mettre alors que l’armoire est pleine, c’est l’occasion de faire un grand tri, sourit Aline Mettan, fondatrice du site Bechicbeethic.ch et conseillère en image. La fast fashion, la mode très bon marché, fait que nous avons parfois plus de plaisir à acheter qu’à porter, notre shopping est réussi car nous avons trouvé plein de choses et fait de bonnes affaires. Résultat: notre dressing déborde de choses dont nous ne portons souvent qu’une partie. Il y a plein de vêtements cachés, parfois à double ou même jamais portés.» Alors, concrètement, si on veut trier, comment s’y prendre? 

«Je propose de faire trois tas de manière très objective, explique Aline Mettan. Tas n° 1: tout ce qui est taché, déchiré, inutilisable. Soit on répare, soit on jette, mais on ne laisse pas comme ça. Tas n° 2: les vêtements que l’on porte régulièrement. Tas n° 3: ceux que l’on porte peu, sans trop bien savoir pourquoi. Pour les tas nos 2 et 3, on fait des essais sans miroir. Cela peut paraître contre-intuitif, mais cela permet de se déconnecter de l’image que l’on renvoie, et de se demander juste si on aime la matière, si on est bien, sans se dire «je souffre mais, comme c’est joli, je garde». Ensuite, il faut évaluer son attachement au vêtement: est-ce que je le porte souvent, est-ce un cadeau, une pièce fétiche, etc.? Il faut être honnête avec soi-même sur le plaisir que l’on a à garder certaines pièces, ou si on les conserve par habitude ou par peur de regretter. Après, on décide. Généralement, mes clients donnent environ un tiers de leur dressing, qui peut ainsi avoir une deuxième vie.» Et si on hésite? «Je propose de mettre les vêtements concernés dans une boîte à la cave pendant un an. Si on n’est pas allé les rechercher, alors c’est clair.»

Trier par catégories et par couleurs

Lorsque le tri est fait, comment faut-il ranger son armoire? «Dans l’idéal, il faudrait tout avoir sous les yeux, recommande Aline Mettan, éviter les doubles piles et de superposer sur les cintres. Je conseille aussi de suspendre, c’est plus facile à voir. Et trier par catégories de vêtements et par couleurs.» Et comment faire pour ne pas se retrouver quelque temps plus tard avec une armoire à nouveau pleine? «Je ne suis pas favorable à des injonctions radicales comme il faut maximum 30 ou 40 pièces. Si on se contente de les appliquer, on ne travaille pas sur soi. Chacun est différent. L’idée est de s’éloigner des diktats, de consommer moins mais mieux, et des pièces qui vont nous satisfaire dans la durée, de se demander lors d’une pulsion d’achat si on ne pourrait pas faire autre chose de cet argent. Moi, j’ai un truc personnel: quand quelque chose me plaît, je le mets sur une liste de vœux, qui permet de différer l’achat. Après, je reviens dessus et je réévalue mes besoins et mes envies.»

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