Martina Chyba: «J’ai testé pour vous... la fabrication des bougies»
Cette année, mes chérubins, il va falloir choisir. Pour Noël, c’est soit les primes d’assurance maladie, soit les cadeaux. Ça peut donner de chouettes moments sous le sapin, d’ailleurs: oh, merci, un bon-cadeau pour payer ma quote-part, il ne fallait pas! Mais ça tombe bien, la tendance est à la sobriété et aux cadeaux maison. J’ai souvenir de ces Noëls où on termine en burn-out pour que tout soit parfait, où on dépense une fortune pour que tout le monde soit gâté, et où on s’aperçoit au milieu du salon éventré que l’on a soi-même reçu une bougie parfumée. Alors, petite vengeance, héhéhé: cette fois, JE vais offrir des bougies parfumées. En plus, je vais les fabriquer moi-même, et vu mes talents pour les travaux manuels, vous n’allez pas être déçus!
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La vérité, c’est que je suis toujours contente de recevoir une bougie. J’adore. J’en ai en forme de tête de mort, des torsadées, une femme nue, un ours blanc, des sapins. Leur petite flamme me déconnecte du monde cruel d’en bas et me reconnecte avec le calme que j’imagine en haut. S’il n’y avait qu’une chose à garder de la période de l’Avent (et même de l’Après!), ce serait une bougie. Alors on y va! Je commande deux kits do it yourself sur internet, un pour faire des mini-modelages à froid et l’autre pour des bougies parfumées avec cire à chauffer et tout le toutim. Au Moyen Âge, les chandelles trempaient dans du gras de mouton et de bœuf, là, à mon avis, ce sont des arômes un petit peu plus artificiels. Les deux boîtes arrivent et, comment dire… il y a plein de trucs dedans, mais les modes d’emploi sont extrêmement, mais alors extrêmement rudimentaires. Je regrette presque les notices Ikea… euh non, quand même pas, je plaisante.
Je commence par les modelages. Il y a des carrés de cire de couleur, des mèches et un cure-dents, et c’est comme la pâte à sel avec les enfants il y a vingt ans. Fabriquer un sapin, un Père Noël, un bonhomme de neige (bon, on dirait un extraterrestre) encore, ça va; c’est la mèche qui ne va pas. Enfiler une ficelle molle avec un cure-dents dans une matière pas trop dure non plus et qui se déforme (c’est pas cochon hein, ce que je dis, c’est descriptif), faut qu’on m’explique. En clair, j’ai réussi à traverser le Père Noël (tiens, ça c’est une phrase que je n’aurais jamais pensé écrire), mais pour les autres, il y a un petit bout de mèche enfoncé qui risque de brûler environ 35 secondes. Le tout est assez mignon. Si on dit que c’est réalisé par un enfant de 4 ans, ça peut passer.
Passons aux bougies parfumées. Il y a les pots, les mèches avec de petits autocollants pour les faire tenir au fond, des tuteurs à mèche, un récipient à mettre au bain-marie, de la cire, des parfums vanille, lavande, rose et citron, des petits bouts de colorant. D’après ce que je comprends, il faut chauffer la cire au bain-marie à 70°, facile, j’ai mon thermomètre. Sauf que l’anse du pot est bouillante, ouille. Le parfum, on en met combien ? Tout ? Rien n’est indiqué, donc je mets la moitié. Et je verse lentement la cire fondue et parfumée dans le pot préparé avec la mèche collée et droite dans le tuteur. Au moment où je verse, je me dis merduuum, j’ai oublié la couleur! Tant pis, ce sera de la lavande blanche. Je pars faire la version citron, sans oublier la couleur jaune, je reviens et… aaargh! Les mèches de la lavande se décollent du fond et flottent. Mais non! Je pose le pot de cire chaude et j’essaie de recaler les mèches, mais la cire du citron se refroidit aussi et il faut la verser tout de suite… Quel stress! Ça ne devait pas détendre, plutôt ?
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Au final, ça sent toutes les odeurs mélangées, mais j’ai mes bougies. Et je n’ai pas honte, ça ressemble. Le moment de vérité est : vont-elles brûler ? Auront-elles une jolie flamme? Tadaaaa. La joie enfantine de les allumer justifie l’exercice. Bilan: toutes les mèches s’allument, mais on ne va pas se mentir, les petites bougies modelées coulent et vont tenir exactement cinq minutes, même pas le temps d’une photo. Mais les parfumées sont bien. Ces flammes symbolisent l’âme humaine qui éclaire et réchauffe. Je pense aux personnes et aux animaux que j’aime. Je pense à vous qui lisez ce magazine tous les mois. Et ce que je vous souhaite de tout cœur pour 2025, c’est d’avoir le feu sacré.
Une flamme n'est pas figée comme une lampe, c'est vivant!”
«Les bougies, c’est l’esprit cocooning. Pour certains, elles revêtent un aspect spirituel. Moi, j’ai toujours aimé cette lumière dans la nuit. Une flamme n’est pas figée comme une lampe, c’est vivant!» s’enthousiasme Alain Monnier, artisan cirier, qui propose des bougies incroyables ainsi que des ateliers dans sa boutique Capitaine-Flamme, à Bulle.
«Les gens aiment repartir avec le résultat de leur travail et se rendent également compte que les bougies faites maison sont plus lumineuses et durent plus longtemps.» Et si on veut tenter l’aventure seul à la maison, que penser des kits vendus dans le commerce? «Évidemment, je n’en ai jamais acheté! s’amuse Alain Monnier. Ils ont l’air bien faits, mais à mon avis, la chose à laquelle il faut faire attention, c’est que les mèches ne contiennent pas de plomb: parfois, ils en mettent pour faciliter le maintien.»
Mèches sans plomb
Et comment choisir son matériel, si on n’achète pas de kit de fabrication tout prêt? «Le plus important, c’est la mèche. Plus le rayon de la bougie ou de son contenant est grand, plus la mèche doit être épaisse. Si elle ne brûle pas assez, elle fera juste un trou au milieu ; si elle brûle trop, elle risque de rendre le contenant brûlant et de dégager trop de suie. En ce qui concerne les cires, je travaille avec de la paraffine pour les bougies modelées, car elle est plus lumineuse et, contrairement à ce que les gens croient souvent, elle n’est pas nocive. Et pour les parfumées, j’utilise de la cire végétale d’olive, mais il en existe aussi avec de la cire de tournesol, de soja ou de colza.» Et pour les parfums, qui vont se diffuser dans la maison? «Je suis réservé sur les huiles essentielles: cela n’est pas forcément adapté, et certaines personnes pourraient ne pas les supporter. Il y a des sites ou des fournisseurs spécialisés qui proposent des huiles parfumées développées spécifiquement pour les bougies, qui ne présentent aucun risque à la combustion à 70°C. Il y a un énorme choix, des dizaines d’arômes différents!»
Enfin, quels conseils de sécurité le Capitaine-Flamme peut-il nous donner? «Protéger son plan de travail. Mettre des gants pour manipuler les parfums. Consacrer une casserole uniquement à cette activité. Pour nettoyer la cire, on peut la refaire fondre avec un sèche-cheveux puissant, par exemple. Poser ses bougies sur une plateforme stable, plate, résistante à la chaleur, dans un endroit sans courant d’air, pas trop près les unes des autres. Ne pas les laisser sans surveillance.
Au début, les allumer pour qu’elles fassent un «lac complet», c’est-à-dire qu’elles fondent jusqu’au bord du contenant. Les laisser brûler par tranches de trois à quatre heures, c’est bien. Et quand on les rallume, recouper la mèche et enlever le bout noir, pour éviter les émanations de suie. La flamme doit être ronde; si elle se hérisse ou qu’elle fait des pointes, il faut la raccourcir. Et bien aérer après utilisation.»