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Loisirs

Le couple romand qui vagabonde de volcan en volcan sur les cinq continents

Marlyse Tschui, Journaliste - ven. 01/11/2024 - 11:06
Marc-André est menuisier ébéniste, Marie-Anne est chimiste et consultante auprès de l’industrie pharmaceutique. Ce couple de randonneurs vivant sur les hauts de Vevey (VD) a déjà visité plus de 180 volcans sur les cinq continents.
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Le couple Bardet au bord de la caldeira de Tengger, en Indonésie. © Marie-Anne et Marc-André Bardet

Partis au Costa Rica en 2006 pour y découvrir la beauté d’un environnement préservé, Marie-Anne et Marc-André Bardet ont assisté pour la première fois à l’éruption d’un volcan. Cette vision a scellé pour eux le début d’une passion commune et de nombreuses aventures qu’ils aiment partager lors de conférences auprès de diverses associations, y compris des groupes du 3e âge. Difficile de ne pas être émerveillé par la magie des images qu’ils ramènent de leurs voyages et touché par leurs récits enthousiastes.

Pour ce couple de marcheurs, s’approcher des volcans, c’est aussi s’approcher des mystères de notre planète. C’est découvrir toute la poésie de cette Terre vivante qui vibre, gronde, chante, bouillonne et se manifeste parfois avec des explosions ou des coulées de lave spectaculaires.

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Un peu kamikazes

«Chaque volcan a ses particularités, expliquent-ils. En Tanzanie, nous avons fait l’ascension du volcan Ol Doinyo Lengaï, dont la lave, noire et fluide, devient blanche en refroidissant. En Islande, nous avons passé quatre jours sur un volcan et eu la chance d’assister à la naissance d’un cratère. Les lambeaux de lave giclaient à une certaine hauteur et refroidissaient en tombant, ce qui formait les parois du cratère. Comme la pente n’était pas raide, les coulées de lave rouge descendaient lentement et nous pouvions marcher juste à côté… mais en faisant tout de même attention.»

N’ont-ils jamais eu peur en s’approchant de trop près ou en bivouaquant sur les bords d’un cratère? «Il est vrai, raconte Marie-Anne, que nous nous sentions parfois un peu kamikazes. Si un caillou plus gros que les autres sort du cratère, il risque de nous tomber sur la tête. En ces moments-là, je me dis que je suis assise sur une marmite à vapeur! Mais le fait de vivre tout cela nous donne une énergie positive et nous n’avons qu’une envie: y retourner.» Marc-André se souvient qu’ils ont tout de même eu quelques inquiétudes: «Comme au sommet d’un volcan en Indonésie, quand un tremblement de terre s’est produit pendant la nuit. Ou encore à La Palma, lors de la grosse éruption de 2021.»

Escorte policière

Membres de la Société de volcanologie Genève (SVG), ils échangent des informations avec d’autres passionnés, et bénéficient des conseils des membres amateurs ou professionnels. Des bons plans circulent, par exemple concernant les lieux insolites à visiter ou les guides locaux à contacter. Les guides connaissant parfaitement le terrain et parlant anglais sont précieux dans les pays dont on ne parle pas la langue. 

La marche d’approche peut être longue et il n’y a pas toujours de chemin pour accéder au cratère. Il a fallu deux jours de grimpe, par exemple, pour atteindre le plus haut volcan de Java, qui culmine à 3600 mètres. Parfois, des escortes sont nécessaires. «Il faut être accompagné de policiers ou de militaires dans des régions où des voyous cherchent à détrousser les touristes, comme en Amérique du Sud ou dans des zones où se déroulent des conflits armés, comme cela a été le cas en Éthiopie. Et au Kamtchatka, dans l’est de la Russie, ce sont des rangers qui nous ont accompagnés pour nous protéger des ours.»

D’autres fois, le confort est de la partie. Ainsi ce jacuzzi naturel sur l’île de la Dominique, aux Antilles, où l’eau est réchauffée par des évents gazeux sous-marins: «L’endroit, situé au bord de la plage, ressemble à une coupe de champagne géante. On s’y baigne au milieu des bulles et des poissons de toutes les couleurs.»

Photos et masques à gaz

Marie-Anne et Marc-André insistent aussi sur le plaisir éprouvé pendant ces excursions, en admirant des paysages, une végétation et des animaux à chaque fois différents. Ils évoquent les étonnantes couleurs dues aux minéraux des roches se trouvant sur les flancs des volcans, et se souviennent d’images marquantes, comme ces nuées de perroquets qui logent dans le cratère d’un volcan au Nicaragua. 

Si l’organisation d’un voyage nécessite une attention particulière, l’équipement, en revanche, est assez basique. «Nous emportons un casque, des lunettes et un masque à gaz. Pour le reste, c’est du matériel classique de randonnée en montagne. Les volcans émettent des gaz potentiellement toxiques, donc selon la force ou la direction des vents, le port d’un masque à gaz est indispensable. Ce masque nous protège aussi contre les poussières fines. Nous avons deux appareils photos. Le premier est simple mais efficace. Il ne dure pas longtemps, car il est régulièrement endommagé par les gaz acides et les poussières. Il faut le remplacer tous les deux ou trois ans. L’autre appareil est plus perfectionné. Il sert seulement quand les conditions sont bonnes. Idem pour le drone, qu’il n’est pas toujours possible d’utiliser quand se produisent des turbulences d’air chaud et froid. Il faut être très vigilant, car les coulées de lave contiennent énormément de fer, ce qui peut perturber les ondes radio et risque de faire perdre le contrôle du drone.»

Avec toutes ces vacances passées à sillonner la planète, leur arrive-t-il de penser à leur bilan carbone? «À la maison, nous faisons très attention et nous consommons peu», remarque Marc-André. «Mais pour nos voyages, ajoute Marie-Anne, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre l’avion. Alors nous assumons!»

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